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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 18:17

Après une parenthèse, je reprends officiellement ma casquette de guide, et mes visites guidées. Je compte faire plusieurs transformations à ce blog d'ici les prochains jours, avec une nouvelle présentation, des actualisations, et plus de visites guidées et programmes.

 

En attendant, la revoici la revoilà, la page avec la liste des principaux tours que je propose:

Visiter Valparaiso, Vina del Mar et Santiago

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 11:57

En ce jour de Fête Nationale, tandis que le pays entier festoie autour d'un bon barbecue pour commémorer l'indépendance du Chili, j'ai envie de malmener le mythe de l'indépendane. Entre une brochette de boeuf et un pisco sour, petite réflexion sur ce que signifie réellement l'"indépendance".

 

En 2010, plusieurs pays d'Amérique Latine, dont le Chili, célébraient leurs 200 ans. 1810, c'est la fin de la domination espagnole, et la formation de gouvernements nationaux. Vive l'indépendance! Fini le joug espagnol! festoient les nouveaux dirigeants. L'indépendance, c'est une notion positive, teintée d'espérance et de liberté. Rappelez-vous vos années d'écolier: quoi de plus réjouissant, dans les livres d'Histoire, d'apprendre les événements qui ont conduit à la libération d'un pays du joug de son occupant ou oppresseur?

 

Mais c'est un leurre. Un mythe. Ce n'est, après tout, que le remplacement d'un gouvernement par un autre, d'une classe dirigeante par une nouvelle. En quoi cela affecte -t-il la vie de l'immense majorité de la population? Rien. Ou presque. L'indépendance d'un pays, dans bien des cas, c'est une révolution de notables, qui ne profite qu'à eux. lIs usent de leur pouvoir de persuasion, leur talent d'orateurs ou de manipulateurs pour rallier le peuple à leur cause (ce qui n'est pas bien difficile, quand il s'agit de se débarrasser du pouvoir en place). Mais une fois que le bon peuple a fait le travail, c'est une nouvelle technocratie, une nouvelle aristocratie qui s'installe. Qu'y a gagné la population? Les remerciements de leurs majestés.

 

Ces réflexions me sont inspirées par les événements qui secouent le Chili ces derniers temps. Au pays de Salvador Allende, le pouvoir politique et économique, depuis l'Indépendance de 1810, est restée aux mains d'une élite composée de quelques grandes et puissantes familles. Ce sont pratiquement des dynasties, qui ont encore une forte emprise sur le pays 200 ans plus tard. Allende, justement, a été une sorte de parenthèse. Une parenthèse qui faisait désordre et qu'il fallait refermer au plus vite. Mais aujourd'hui, la classe dirigeante est malmenée par le peuple chilien, qui se rend compte que le système politique et économique est faconné pour le bénéfice de quelques-uns, et qui en assez des injustices. Le peuple chilien n'a pas connu d'indépendance, il est resté enchaîné à un système économique qui a certes évolué, mais qui est depuis toujours inégalitaire. Il est, aussi, prisonnier d'un mécanisme démocratique peu représentatif qui marginalise les minorités. Et, à part sous Allende, il en a toujours été ainsi.

 

Alors qu'on ne me parle plus de l'indépendance d'un pays. Car c'est de l'indépendance des classes dirigeantes qu'il s'agit. Un changement de dynastie. Rien de plus. Vous trouvez que j'exagère? Je vous invite à me le dire en commentaire.

 

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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 09:00

...et non pas dix ans, comme on nous le rabache depuis des semaines! Pour ceux qui ne s'en souviennent pas ou qui sont trop jeunes, le 11 septembre, c'est le coup d'Etat de Pinochet qui provoque la chute et la mort de Salvado Allende, en 1973. C'est le début du régime militaire qui restera en place au Chili pendant 17 ans.

 

Le 11 septembre, ici, est une date de deuil pour le peuple de gauche. Mais c'est une aussi une date de célébration pour les (encore) nombreux sympathisants de Pinochet. Même si pour les nouvelles générations chiliennes, le 11 septembre, c'est avant tout les attentats à New York, pour le Chili, cela passe au second plan.

 

Je ne vais donc pas m'apesantir sur les événements de 2001, mais je trouve intéressant de constater qu'aujourd´hui, trois mouvements se dessinent. Deux courants massifs, et une voie alternative. D'abord, il y a ceux qui croient dur comme fer qu'Al-Qaida et Ben Laden sont 100% responsables des attentats. Parmi eux, une grande partie des militants républicains nord-américains. Ensuite, il y a les théoriciens du complot, toujours plus nombreux, qui invoquent les Illuminati, les franc-macons et autres groupes occultes, qui auraient froidement orchestré la mort de milliers de compatriotes, avec le coup de pouce des terroristes islamistes. Mais il existe une troisième voie, qui se contente de faire de l'investigation rationnelle basée sur les évidences et les documents disponibles, et dont l'analyse n'est pas biaisée. Et qui, sans dénoncer quiconque en particulier, montre bien que l'histoire officielle ne tient pas debout. En voici un exemple (en anglais).

 

A part ca, on ne sait toujours pas de facon certaine si Salvador Allende a été tué ou s'il a donné fin à sa vie. Sa dépouille a été exhumée il y a quelques mois pour en savoir plus. Et si le rapport d'autopsie valide la thèse du suicide, d'aucuns signalent des failles dans les conclusions et mettent en doute sa crédibilité. Ils point notamment le fait que seuls les forces armées et le corps médical de l'Armada ont eu accès au cercueil, malgré le désir de la veuve d'Allende de voir les restes de son défunt mari. Suspect, si l'on songe que c'est le commandant en chef des forces armées qui a ordonné le coup d'Etat. La mort de l'ex-président risque bien de rester pour très longtemps sujet à controverse. Tout comme les attentats aux Etats-Unis.

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3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 11:46

Au moment où j'écris ce titre, je me demande si j'exagère un peu... ou pas... A vous de vous faire votre opinion avec ce qui suit. Ce qui est sûr, c'est qu'il se passe tellement de choses au Chili ces derniers temps qu'il y aurait matière en faire un livre... et je n'en ai pas dit un mot ici-même... Alors on va rattraper le temps perdu et faire du condensé.

 

Pourquoi dis-je Mai 68? Depuis trois mois maintenant, les étudiants chiliens sont en grève. Ils occupent les universités. Ils descendent dans la rue, rejoints par des milliers de Chiliens adultes encore marqués par la dictature qui osent, enfin, crier leurs revendications. Ils manifestent pour le droit à une éducation non-lucrative et de qualité. Car au Chili, l'éducation est chère. Très chère. Une année d'université coûte de 3000 à 6000 euros environ. Sachant que le salaire minimum est en-dessous de 300 euros par mois, et que la majorité des Chiliens touchent moins de 600 euros par mois, le système est de facto trop inégalitaire. Et bien trop cher, compte tenu de la qualité de l'enseignement (en gros, cinq ans d'études supérieures équivaut à peine à un niveau license en France).

 

Les représentants étudiants, dans leur grande majorité aculés à rembouser pendant des années leurs prêts étudiants, en ont assez de ces universités qui s'enrichissent grassement sur leur dos, qui les traitent comme des clients vache-à-lait. L'éducation, au Chili, c'est avant tout un business. Tout comme la santé. Tout comme la culture. Tout comme tout. Alors les étudiants, qui ne font pas dans la demi-mesure, réclament la gratuité totale. C'est peut-être un peu trop demander d'un coup, mais face à un gouvernement ultra-libéral, incapable de répondre autrement qu'en envoyant les forces de police aux manifestants pourtant peu adeptes de la violence, mieux vaut demander la Lune pour espérer obtenir quelque chose.

 

Les opposants au mouvement étudiant (environ 20% des la population) arguent que dans la vie rien n'est gratuit, et que si ce ne sont pas les étudiants et leurs familles qui paient, ce seront les contribuables. C'est malheureusement un système de pensée très commun au Chili, où tout se paye argent comptant (pardon, à crédit!). C'est tout juste s'il existe un système de couverture médical public. La gratuité, ici, c'est louche, voire peu moral, surtout aux yeux des classes supérieurs. Ces mêmes Chiliens ne trouvent en revanche rien à redire qu'une grasse part de leurs impôts soit reversée directement à l'Armée. Moi je préférerais que mon argent soit utilisé pour éduquer.

 

Mais revenons à Mai 68: c'était bien plus qu'un mouvement étudiant, me direz-vous. C'était un mouvement de contestation sociale général. Et bien c'est exactement ce qui est en train de se passer au Chili. Car en plus des étudiants, les Chiliens se soulèvent en masse contre les projets de centrales hydro-électriques en Patagonie. Les employés du secteur minier réclament une meilleure considération et de meilleurs normes de sécurité. Les fonctionnaires se rajoutent à la liste des mécontents. Et dans les désormais fréquentes manifestations, les étudiants ont été rejoints par les syndicalistes, ainsi que par des milliers de simples citoyens qui clament leur ras-le-bol d'un système trop inégalitaire.

 

La semaine dernière, 48 heures de grève générale ont été déclarés par les syndicats, sans l'accord du gouvernement. Ils sont descendus dans la rue pour réclamer, en vrac, une gestion publique des retraites et de la santé, une réforme de la fiscalité et des droits des travailleurs, une meilleure distribution des richesses, une nouvelle Constitution (le texte a été concocté par Pinochet, et reste en vigueur plus de vingt ans après la fin de la dictature)... Bref, c'est une nouvelle société que veulent la majorité des Chiliens.

 

Face à eux, une classe dirigeante issue en grande partie de la dictature, et, si l'on remonte dans le temps, descendants de puissantes familles d'immigrants. Un micromosme conservateur arquebouté sur ses acquis, qui se transmettent de génération en génération depuis 200 ans et l'indépendance du Chili. Qu'on se le dise, la classe dirigeante chilienne est un club fermé qui ne mélange pas torchons et serviettes. D'où sa fragilité et son manque de légitimité face aux mouvements populaires. Car aux yeux du peuple, indépendance ou pas, démocratie ou pas, c'est toujours le même sérail: toujours les mêmes à qui le système profite, toujours les mêmes qui en pâtissent.

 

Si j'étais chilien, on considérerait que je tiens des propos de communiste. Mais en tant que Francais, je ressens une profonde empathie pour les millions de Chiliens qui sont prisonniers du système, des bas-salaires, des crédits. Je suis choqué par la répression policière systématique comme seule réponse à des revendications aussi légitimes que pacifiques (je sais de source sûre que la police a des infiltrés qui provoquent la violence au sein des manifestants, par jets de pierres, insultes, etc.). Il est temps que cela change. Et avec la cote de popularité actuelle du gouvernement (environ 25% d'opinion positive) et son incapacité à comprendre la situation et à agir, je me dis qu'une réplique de Mai 68 amenant de véritables boulervesements n'est finalement pas si loin... A suivre...

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 07:42

L'une des grandes nouvelles de ces derniers jours, au Chili, c'est la décision d'exhumer et d'autopsier le cadavre présumé de Salvador Allende. Trente-huit ans après la mort du président socialiste, les conditions de son décès restent obscures, et il n'est même pas certain que ce soient bien ses restes qui reposent dans sa tombe. Décès, assassinat? Les deux thèses s'affrontent toujours, et la justice chilienne a fini par rouvrir ce délicat dossier. Les militants socialistes et les proches attendaient depuis longtemps ce moment. Que la vérité éclate enfin.

 

Mais si l'on y pense à deux fois, est-il vraiment important et opportun d'exhumer les restes d'Allende maintenant? Quels coupables, s'il en est, va-t-on trouver 38 ans après? N'est-ce pas simplement remouer le couteau dans des plaies jamais complètement cicatrisées, mais relativement apaisées? N'est-ce pas raviver la vieille fracture qui sépare toujours les partisans du socialisme à la chilienne des fidèles du général Pinochet?

 

Certes, s'il est avéré qu'Allende a effectivement été assassiné, il faudra actualiser les livres d'Histoire. L'image du défunt président sera à jamais changée. Mais ca ne changera rien à l'image de Pinochet et de ses sbires. Ca ne changera rien à l'Histoire contemporaine du Chili. Et puis surtout, que le chef d'Etat ait été tué ou qu'il se soit suicidé, ca ne change pas grand-chose en soi. Car le coup d'Etat revenait à la fin de sa vie politique. En un mot, les militaires sont responsables de la mort d'Allende. Qu'ils aient ou non appuyé sur la gâchette, c'est pratiquement du pareil au même. Et c'est une vérité que tous connaissent déjà; autopsie ou pas.

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 02:24

A l'occasion de la Journée mondiale de la Terre, parlons un peu de nourriture. Il est question, ces temps-ci, de voter une loi visant à contrôler la consommation de fast-food et malbouffe au Chili. Je m'étais déjà élevé contre cette idée dans un article bien assaisonné, considérant que l'Etat n'avait pas droit de regard sur mon assiette, et que cette leur proposition de surtaxer les produits type sandwiches ou barres chocolatées était avant tout un moyen de ramasser de juteuses taxes.

 

Mais depuis, les choses ont un peu changé. Au lieu de surtaxer, il s'agirait maintenant de limiter la publicité pour ce type de produits, d'obliger les marques à publier des informations nutritionnelles sur les emballages, et d'incorporer dans les programmes scolaires des séances éducatives sur la nutrition. Dans un pays où les kiosques et les vendeurs ambulants sont légion, où les distributeurs de bonbons ont droit de cité à la cour de récré, ca ne réglera pas le problème. Mais c'est toujours ca de pris.

 

Et si l'on remontait à la vraie racine du problème? Si l'on interdisait tout simplement la production d'aliments plein de graisses saturées, d'OGM, de sucres, d'éléments chimiques? Ah oui, ca aurait des conséquences négatives pour le marché de la santé et l'industrie pharmaceutique, qui se nourrissent grassement de la malbouffe. Ah oui, les cultures OGM sont en plein boom en Amérique du Sud. Et puis, là encore, les grandes entreprises monteront au créneau, arguant qu'il est injuste de les pénaliser de la sorte, tandis que de petits producteurs indépendants peuvent continuer de vendre des hot-dogs dans les rues en toute impunité. C'est vrai. Mais si l'Humanité veut conserver sa qualité de vie durablement, il faudra que les politiques prennent des décisions radicales et courageuses, quitte à mettre des industries entières sur le carreau. Ca commence par le respect de la nature, des cultures et des sols.

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 16:19

Alors que le Chili a bien d'autres chats à fouetter, avec la reconstruction en cours dans les zones touchées par le séisme de 2010, avec les soucis d'indépendance énergétiques, etc., une bande de députés de droite n'a rien trouvé de mieux à faire que concocter un projet de loi anti-cyclistes. Ces messieurs estiment que les vélos en centre ville sont dangereux pour la circulation, et que leur usage devrait être strictement interdit en dehors des pistes cyclables.

 

Personnellement, j'aurais tendance à dire que ce sont surtout les voitures qui sont dangereuses. Et polluantes. Et bruyantes. Et facteur d'obésité, chez une population devenue paresseuse et qui manque d'activité physique. Ceci dit, l'idée aurait du bon, si les rues de Santiago et des autres métropoles chiliennes étaient dotées de pistes cyclables abondantes et sûres. Ce qui, évidemment, n'est pas le cas. Donc, messieurs les parlementaires, faites voter une loi pour doter le pays de pistes cyclables. On verra les interdictions après. Sinon, y'aura plus qu'à se mettre au roller. Au milieu des voitures, c'est pas terrible...

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 17:07

La question peut paraître incongrue, mais elle ne l'est pas. Le ministère chilien de l'Education a tout récemment proposé de déléguer les programmes d'éducation sexuelle à divers instituts plus ou moins spécialisés, qui interviendraient directement dans les écoles, collèges et lycées. Thème difficile, allez hop! on s'en lave les mains. Mauvaise idée, car ces institutions étant privées, et certaines religieuses, le prosélythisme s'en donne à coeur joie. Les années passés, certains parents d'élèves ont ainsi dénoncé des programmes homophobes ou discriminatoires.


Mais les délégués parentaux chargés d'examiner la proposition ministérielle l'ont rejetée. Ils préfèrent que l'éducation sexuelle fasse l'objet d'un programme commun à tout le pays, unique et consensuel, basé sur des explications scientifiques et l'information. Quitte à laisser de côté certains aspects. Il y a de plus en plus de mères adolescentes au Chili, et beaucoup d'ados n'ont aucune idée de ce qu'est la contraception, ni ce que sont les MST. La faute à des tabous véhiculés par l'église catholique et une société conservatrice, et à des parents peu à l'aise ou peu aptes à évoquer le thème de la sexualité avec leurs enfants.

 

Vous compteriez sur l'Eglise, vous, pour aborder ces sujets de manière informative et objective? Non, pas vraiment. Surtout quand on sait que l'Eglise catholique chilienne baigne en pleins scandales de pédophilie. Ils ne semblent pas les mieux placés pour "éduquer" les jeunes. Laissons cela à de vrais spécialistes, qui devraient suivre un programme éducatif national, axé sur la banalisation scientifique et l'information. Amen!

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 17:02

Comme en écho à ce que je disais hier sur l'inégal accès à l'éducation, je viens de tomber sur les conclusions d'un document de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (plus connue comme OCDE, mais ca fait pas de mal de rappeler ce que ca signifie) qui appuie là où ca fait mal. Selon l'organisme international, le Chili a le bonnet d'âne mondial en ce qui concerne les inégalités de revenus, parmi les 34 pays membres de l'OCDE.

 

Et ce n'est pas tout. Selon le document, seuls le Mexique et Israël ont des taux de pauvreté supérieurs. 18,9% de la population chilienne est en-dessous du seuil de pauvreté établi par l'OCDE. Selon d'autres organismes et d'autres modes de calcul, ce chiffre pourrait même être nettement supérieur. Une étude du Casen (Caracterizacion socioeconomica nacional) datant de 2010 estime que le tiers de la population chilienne ne parviendrait pas à joindre les deux bouts. Effets de la crise économique et son lot de licenciements, mais aussi d'une hausse soutenue des prix des aliments et du carburant. Comme en France ou ailleurs, on compte de plus en plus de "nouveaux pauvres" qui, avec leur salaire de base, ne parviennent pas à payer logements, nourriture, soins et éducation à leur famille.

 

Et comme conséquence de ces criantes inégalités, seulement 13% des Chiliens disent avoir confiance en leurs concitoyens. Le chiffre moyen pour les pays développés atteint 59%. Et ce climat de méfiance est alimenté par les journaux télévisés qui consacrent les gros titres et la majorité des informations à des affaires de vols, de meurtres et autres délits, souvent avec un ton alarmiste, voire un brin parano. Mais c'est un autre sujet.

 

J'avoue que pendant longtemps, les appels de nombreux économistes et politiciens à changer les critères pour définir la croissance économique me semblaient un débat stérile. Mais ayant devant moi le cas du Chili, j'en comprends la nécessité. Si l'on considère uniquement la richesse produite par un pays (PBI, pour vous rappeler les cours de géographie ou d'économie) pour définir son niveau de développement, alors le Chili devrait bientôt faire son entrée dans le club des pays développés. Mais si l'on prend en compte la proportion de pauvres, la faible qualité de l'éducation, un système de santé discriminatoire, la protection sociale qui laisse largement à désirer, et la qualité de vie en général, si l'on prend en compte tout cela, alors le Chili est encore bien loin d'être un pays développé. Et sans aucun doute, c'est le cas de bien d'autres nations. Remplacons la notion de "développement économique" par celle de "développement humain" comme but à atteindre par notre société, et les choses iront nettement mieux! On peut rêver...

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 22:32

Pour un monde meilleur, une meilleure éducation. C'est une devise que je fais mienne. Une éducation pour tous, sans différence de classes, d'origines ou de ressources financières. Une éducation débarrassée des concepts vénéneux de compétition et de classements. Une éducation humaniste, ayant pour finalité de faire de chaque enfant un individu pensant et responsable, pas de les modeler pour entrer dans le monde du travail.

 

Au Chili, on est très loin du compte. D'abord, les enseignants sont mal payés, souvent mal considérés. Pire: leur formation universitaire n'est souvent pas à la hauteur, et chaque année, environ un tiers des enseignants contrôlés par le ministère de l'Education recoivent un avertissement pour connaissances insuffisantes. Les différences entre établissement publics aux faibles ressources et écoles privées huppées sont criantes. Par ailleurs, il n'existe pas vraiment de programme unique: par exemple, ce que l'on enseigne au collège municipal de Quilpué peut être très différent (et très en-dessous) de ce qu'apprennent les élèves du collège allemand voisin.

 

Comme la majorité des écoles, collèges et lycées sont privés, ils doivent attirer la clientèle, et font généralement leur publicité en affichant les bons résultats de leurs élèves. Compréhensible, mais déplorable. Au lieu de tirer le niveau général des enfants par le haut, ce système crée une discrimination des plus faibles, dont personne ne veut afin de ne pas mettre en péril les résultats flatteurs de l'établissement. Et les aides supplémentaires gouvernementales aux écoles de zones pauvres mais affichant de bons résultats ne suffisent pas à pallier cette lacune: au final, ces aides profitent uniquement aux plus méritants, pas à ceux qui sont en réelle difficulté. Bref, dès le départ, on enseigne indirectement aux enfants que c'est la loi de la compétitivité qui dirige.

 

Le Chili, comme beaucoup d'autres pays en développement, vise à rejoindre le club des pays développés d'ici dix à vingt ans. Ce n'est pas en continuant à délivrer une éducation médiocre et inégalitaire qu'il va y parvenir. Il y a bien de nouvelles mesures mises en place par le gouvernement, visant à améliorer le contrôle des enseignants, mais ca ressemble à du blabla techocratique vide de contenu. Jugez pluot: "Création d'une nouvelle achitecture pour l'institutionalité de l'éducation, créant une agence pour la qualité de l'éducation". Et puis, encore une fois, renforcer les contrôles n'est pas la meilleure chose à faire pour (re)valoriser le rôle d'enseignants en mal de reconnaissance. De la formation adaptée, des séminaires de perfectionnement, voilà ce qu'il faudrait mettre en place. Pas un système de sanctions.

 

Mais au fond, le petit club des élites qui contrôlent le pays souhaient-ils vraiment cela? Ils baignent déjà dans le confort, et n'ont pas vraiment besoin que les classes moyennes croissent, qu'elles soient mieux éduquées. Car cela mettrait en péril leur marge de manoeuvre, en créant une nouvelle frange de population suffisamment qualifiée pour atteindre le sommet de la pyramide sociale, suffisamment nombreuse pour contrecarrer leurs plans et leurs décisions. Au Chili comme ailleurs, les classes supérieures ont plutôt intérêt à maintenir le reste de la population à leurs chevilles. C'est obscurement égoïste, mais c'est la vérité.

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