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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 09:54

Il y a encore pas si longemps, on concevait les centres commerciaux comme de grands cubes d'aggloméré et de béton aux allures d'entrepôt, vides d'âme, dénués d'originalité, aussi froids et amicaux qu'une salle d'attente de chirurgien-dentiste. On y venait, on faisait ses courses, on en ressortait, point final. Il y avait une vie après le shopping.

 

Et puis d'astucieux commerciaux et entrepreneurs se sont rendus compte qu'en créant des lieux plus accueillants, plus ludiques, ca changerait la donne en invitant les clients à rester plus longtemps. Donc à consommer plus. C'est ainsi que restaurants et cinémas, entre autres, se sont peu à peu immiscés entre les supermarchés et les magasins de prêt-à-porter. Mais cela restait tout de même de grands cubes en forme d'entrepôts. Un peu plus chaleureux, mais de grands cubes tout de même. Suffisant pour les Etats-Unis, où la majorité des clients de ces "malls" sont pragmatiques (on vient pour acheter, pas pour aller au musée!), mais pas assez pour des pays plus raffinées, ou tout simplement attachés à l'atmosphère d'une rue commercante.

 

Où donc veut-il en venir avec son explication pseudo-historique un brin rasoir sur les centres commerciaux? A ceci. Au Chili, et sans doute dans beaucoup d'autres pays, une nouvelle génération de ces fameux "malls" a vu le jour récemment, qui ne ressemble en rien au modèle de leur ancêtres nord-américains. Les entrepreneurs et commerciaux ont compris que l'architecture, la décoration, l'ambiance jouent un rôle important dans la pulsion d'achat. Ils ont donc commencé à imaginer des projets imitant l'atmosphère des rues commercantes. Au lieu d'enfermer les magasins dans un vaste quadrilatère, on les laisse à l'air libre, on crée des artères piétonnes, des placettes, des jets d'eau, des bancs. Bref, on recrée un faux centre-ville. Plein de magasins, des restaurants, des lieux de divertissement, pas de voitures...

 

parque arauco boulevard 

Les (nombreux) détracteurs de ce type de mall affirement que c'est du toc, que c'est encore plus faux qu'un décor de cinéma. Certes. Mais il faut avouer que c'est nettement plus agréable que les centres commerciaux aux airs d'entrepôt d'autrefois. Ces nouveaux malls invitent à y rester jusqu'à tard le soir. Plus que des sites de shopping, ce sont devenus des lieux de vie. Et c'est sans doute ce qui les rends plus dévastateurs encore pour les petits commerces de centre ville. Mais au Chili, il y a encore beaucoup d'eau à couler sous les ponts et à fondre des glaciers avant que ceux-ci ne péréclitent.

 

Personnellement, je préfère donner mon argent à des commercant indépendants plutôt qu'à des grandes chaînes de magasins. Mais je n'ai rien contre ces lieux "artificiels", tant qu'ils ne provoquent pas l'enlaidissement et l'appauvrissement des centre villes et des quartiers traditionnels. Après tout, quand nos ancêtres ont construit les premières rues bitumées-bétonnées, beaucoup ont dû penser que c'était laid et artificiel. De même, les projets immobiliers incluant des espaces verts au milieu du béton, considérés comme artificiels, sont désormais entrés dans la normalité et l'acceptable. Les nouveaux "centres de vie artificiels" seront-ils bientôt la nouvelle norme urbaine?

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 00:03

Pour le meilleur ou pour le pire? Telle est la question que je me pose ces jours-ci, face aux récentes transformations en marche à Valparaiso. Un moderne hôtel d'affaires tout neuf, la construction d'un centre culturel en lieu et place de l'ancienne prison, la destruction d'un ancien marché pour y installer un centre médical et quelques boutiques... sont quelques-uns des projets en cours ou terminés au cours de ces deux dernières années. Valparaiso, ville bohême et artistique, ville de chômage et de pauvreté, ville d'agitation, de chiens errants, de saleté, de constructions anarchiques, port dans toutes ses caractéristiques, Valparaiso va-t-elle perdre son âme?

 

La modernisation de la ville a commencé il y a une dizaine d'années, avec l'érection de nombreuses tours résidentielles. Appartements modernes, parking, gardiens, salle de sports intégrée et piscine sur le toit: voilà qui n'était pas dans le style de Valpo. Mais face à une population croissante, et des classes moyennes émergentes cherchant sécurité, confort et modernisme, c'était pratiquement inévitable.

 

Ce qui est nouveau ces derniers mois et attire mon attention, c'est que des bâtiments historiques à l'abandon sont enfin réhabilités, des projets dans les cartons depuis les calendes chiliennes se concrétisent enfin... Aux dires de certains, il y aurait une volonté politique nouvelle, appuyée par des investisseurs, de redonner à la Perle du Pacifique son lustre d'antan, notamment en y développant un tourisme de plus haut standing et des infrastructures dignes de la capitale. La question est de savoir si cela se fera sans déflorer l'âme de la ville. J'en doute un peu. Nous verrons bien.

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 09:28

Vous vous souvenez peut-être de Luis Sepulveda. C'est le plus médiatique, le plus grande gueule des 33 mineurs chiliens qui ont passé plusieurs mois emprisonnés sous terre, l'an passé. Parmi la multitude d'anecdotes qui ont tenu en haleine la planète, il y a celle des chaussettes de cuivre. Sepulveda et ses compagnons s'étaient plaint d'avoir les pieds qui transpirent constamment, et de souffrir de champignons et autres infections -la faute à la chaleur et l'humidité constantes dans la mine. Pour y remédier, on leur avait fait parvenir des chaussettes spéciales, munies de fibres en cuivre, qui éliminent 99% des bactéries responsables et permettent aux petons de rester au sec.

 

Depuis, Sepulveda ne porte plus que ses chaussettes spéciales. C'est donc tout naturellement qu'il a été choisi pour en faire la promotion commerciale. Car plusieurs entreprises pensent avoir flairé un bon filon. En effet, nous sommes des centaines de millions dans le monde à souffrir de transpiration et légères infections aux pieds, voire d'odeurs embarrassantes. Avec les chaussetes cuivrées, plus de problèmes! Les premiers modèles tout public (avec versions "cadre", "sportif" et "spécial diabétique") sont déjà disponibles au Chili, à partir de 3.990 pesos la paire (5,90 euros).

 

Reste à savoir ce qu'en pense la confrérie mondiale des podologues, qui risquent de perdre une partie de leur clientèle. Et si le lancement des chaussettes est un succès, les fabricants projettent déjà de commercialiser des petites culottes munies de fibre de cuivre. Selon leurs études, cela contribuerait  éliminer la cellulite et la peau d'orange. Là, ce sont les dermatos qui auraient du souci à se faire!

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 10:09

Isabel Allende, la fameuse écrivain mais également sénatrice, s'est inquiétée du sort des ex-employés de l'entreprise minière San Esteban, qui a mis la clé sous la porte suite à l'accident. En cessation de paiement, leur ex-employeur ne sera semble-t-il jamais en mesure de payer entièrement leurs indemnités de licenciement. Si les "33" ont bénéficié de quelques largesses grâce à leur exposition médiatique, il n'en est pas de même pour les 300 autres mineurs qui ont pu échapper à l'effondrement de la mine San Jose.

 

Durant les opérations de sauvetage, sous les spotlights, les autorités s'étaient engagés à aider les mineurs à obtenir leur indemnisation. Mais jusqu'ici, seulement un tiers de la compensation financière a été payée. Depuis janvier, rien. Les propriétaires de l'entreprise San Esteban assurent qu'ils devraient recevoir très bientôt des liquidités suite à la vente de leurs machines à une autre compagnie. Mais ce ne sera pas suffisant pour couvrir les indemnités dues. Isabel Allende a appelé le président Piñera et le gouvernement à tenir leurs engagements et trouver une solution pour les mineurs en situation précaire. A voir si l'impact médiatique sera suffisamment grand pour régler la situation.

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 07:29

Non, ce n'est pas une nouvelle application super-tendance d'iPhone. Mais une technologie japonaise d'utilité publique, qui va bientôt être mise en place au Chili. Elle permet de détecter un séisme de grande magnitude ou un tsunami quelques secondes avant qu'il ait lieu, et d'aviser automatiquement la population par messages d'urgence à la télévision et sur les téléphones portables. Quelques secondes seulement, parce que les séismes sont impossibles à prévoir à l'avance. Le séisme, c'est l'invité surprise, le trublion par excellence.

 

Comment ca marche? D'abord, il faut placer plusieurs milliers de capteurs sismiques un peu partout dans le pays, et les mettre en réseau avec un ordinateur central. Dans le cas du Chili, ce serait vraisemblablement l'Office nationale d'Urgence (Onemi), déjà chargée d'informer la population en cas de catastrophe naturelle et de coordonner les secours. Les capteurs envoient des informations en temps réel, ce qui permet aux sismologues de relayer immédiatement l'alerte s'ils détectent les prémices d'une forte secousse.

 

Ensuite, il faut relier cet ordinateur central avec le système national de transmission par satellite. C'est là que la technologie japonaise, baptisée ISDB-T, entre en jeu. Sitôt le signal d'alerte envoyé par l'ordinateur central, toutes les télévisions digitales du pays changent leur programmation normale et apparaît un écran indiquant la nature de l'événement (séisme ou tsunami), le lieu exact, l'intensité attendue, et les consignes d'évacuation. Simultanément, le même écran apparaît sur tous les téléphones mobiles. Et si les appareils sont éteints, l'alerte les allume automatiquement!

 

Vous ne disposez que de quelques secondes pour prendre la poudre d'escampettes, mais ca peut suffir pour sauver des milliers de vie. Cette nouvelle technologie devrait être opérationnelle au Chili d'ici fin 2011 pour les portables, et fin 2014 pour la télévision numérique, qui devrait couvrir alors 85% du territoire. Si vous êtes dans les 15% restant, pas de chance! Il faudra faire sans, comme avant.

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 23:58

Les visites sur ce blog ont augmenté en flèche depuis hier. Je suppose que cela fait suite aux alertes de tsunami émises pour l'Amérique du Sud. Dans ce contexte, je me dis qu'il serait bon de répondre aux inquiétudes des uns et des autres.

 

Au Chili, quelques localités ont été touchées, de l'extrême nord jusqu'au sud du pays, à l'île de Chiloé. Ironie du sort: la plupart font parties des communes dévastées par le séisme et tsunami de l'an passé, comme Dichato où le tsunami a de nouveau déplacé des embarcations et détruits quelques unes des habitations provisoires reconstruites l'an passé.

 

dichato 

La vague la plus haute aurait atteint 2,30 mètres au Chili, et l'eau est entrée à quelques dizaines de mètres à l'intérieur des terres sur plusieurs points de la côte, provoquant de nombreux dégâts matériels, notamment sur des bateaux, mais tous mineurs. A l'heure actuelle, aucun mort, blessé ou disparu n'est à déplorer. Il faut dire que le gouvernement avait pris les précautions adéquates (et même superflues dans certains cas) de faire évacuer toutes les zones à risque pendant plusieurs heures.

 

Du côté de Valparaiso et Viña del Mar, rien à déclarer. Il y a eu quelques vagues plus fortes que la normale, mais pas d'inondation ni de dégâts dans les installations portuaires. Personnellement, je pense même aller à la plage demain.

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 17:43

Le Chili, je l'ai déjà écrit ici à plusieurs reprises, reste dirigé par des élites plutôt conservatrices et puritaines. D'où ma surprise quand j'ai appris que VTR, le leader chilien du marché du câble, s'est allié avec le groupe Playboy pour proposer en exclusivité une chaîne 3D pour adultes. Il faut dire que les élites plutôt conservatrices et puritaines sont aussi très ouvertes au capitalisme et au business. Couvrez ce sein que je ne saurais voir... avec des dollars si possible!

 

Bon, j'exagère un peu. Ce n'est pas si étonnant que ca: après tout, Playboy TV est déjà disponible sur le câble chilien depuis plusieurs années. Ce qui l'est, en revanche, c'est que VTR en fasse ouvertement la publicité, et que la revue mensuelle contenant tous les programmes en fasse sa couverture (sans photo de charme, tout de même!) et une bonne dizaine de pages sur le sujet.

 

Après tout, c'est honnête. Dans un pays où il est commun de faire un détour par un bar à strip-tease pour prendre un verre après le boulot, où les motels pullulent où l'on paie la chambre à l'heure pour faire des galipettes, où les ados de 13 ans en savent plus sur le sexe que leurs parents, persévérer dans le puritanisme aveugle serait pure bêtise et hypocrisie. Si cela allait de pair avec une meilleure éducation sexuelle pour les jeunes, ce serait très bien. Mais ca, ca reste choquant pour beaucoup de monde, notamment l'Eglise. Et comme un programme d'éducation sexuelle, ca ne rapporterait de l'argent à personne, ca risque pas d'arriver demain.

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 02:42

Rentrer dans une pharmacie chilienne, pour nous autres Francais, réserve toujours quelques surprises. D'abord, il est très courant d'y trouver un rayon avec des barres chocolatées pas du tout diététiques, voire des distributeurs de caca-cola. Mais en plus, on peut s'y procurer de la nourriture pour chiens ou des maillots de bain, parmi divers articles aux antipodes de l'industrie pharmaceutique.

 

Vous l'aurez compris, les pharmacies chiliennes (qui sont très largement aux mains de trois grandes chaînes de magasins) ne sont pas là pour s'occuper de votre santé, elles sont là pour faire de l'argent. Derrière le comptoir, les employés s'apparentent plus à des vendeurs qu'à des pharmaciens, et proposent régulièrement des articles en promotion. Et c'est bien normal: ils recoivent une commission sur certains produits.

 

Mais il y a pire encore: on vent au comptoir des produits pour sportifs, type compléments alimentaires et cocktails hormonés, qui seraient interdits en Europe et sont largement considérés comme dopants. Et ces potions magiques sont maintenant en vente libre dans les supermarchés! Hier, j'ai ainsi trouvé un lot de flacons de créatine, mentionant en gros "qualité allemande", avec le drapeau de... l'ancienne Allemagne de l'Est, fameuse pour ses sportifs survitaminés. Ca prête à sourire, mais ca fait quand même pas très sérieux, dans un pays qui prend des mesures pour lutter contre le tabagisme et l'obésité.

 

Sur ce, je vais me servir un jus de fruits frais. C'est beaucoup mieux que n'importe quel cocktail multivitamines.

 

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 19:50

Résumé des épisodes précedents: Face à l'impérieuse nécessité de passer le permis de conduire chilien, diverses péripéties et réglementations m'ont amené à devoir prouver que je sais lire et écrire, condition sine qua non pour s'inscrire à l'examen et obtenir le permis. Me voici donc dans l'obligation de passer l'équivalent chilien du brevet des collèges.

 

Centre d'études pour adultes Los Castaños de Viña del Mar. C'est ici, dans cet immeuble vétuste, que j'ai rendez-vous avec le doyen des professeurs. J'espère pouvoir obtenir de passer une sorte d'examen spécial, et tout de suite. Je vais pas attendre la date nationale à laquelle tous les élèves de 14 ans passent le brevet, quand même! "Dites que vous venez de ma part", avait dit le débonnaire directeur du Secrétariat régional de l'Education... Ca doit bien servir à quelque chose, non?

 

Me voici donc à la porte. Opaque, et close. Je colle l'oreille: pas un bruit. On est vendredi matin, et le centre semble sans vie. Etrange. Je tourne en rond, cherche une autre entrée, regarde à travers les fenêtres: rien. Finalement, une femme de ménage m'apercoit et entr'ouvre la porte: "Qu'est-ce que vous cherchez?" Je me faufile, demande à voir le doyen des professeurs. On m'intime d'attendre dans un sombre couloir. J'attends. Des adolescents à problème courent et crient dans les escaliers. Visiblement, cet endroit est plus un centre de réinsertion qu'autre chose. Je me demande un peu où j'ai mis les pieds. Finalement, on me fait passer dans le bureau du doyen. Je ne le sais pas encore, mais c'est là que mon récit va prendre tout son piquant.

 

Me recoit un monsieur affable, propre sur lui, d'une soixantaine d'années raffiné: Ah, vous voulez passer le permis de conduire. Il vous faut un certificat d'études. Ah, vous êtes francais? ah, c'est merveilleux! J'aime beaucoup la France, le francais... Je vois que vous avez de l'éducation... Alors parlez-moi de la France, un peu... Bordeaux? Ah oui, je connais, c'est très beau! Le vin, tout ca...

 

On frappe à la porte. Le professeur grimace: on le dérange en pleine délactation pour le récit de son interlocuteur francais, et par conséquent incontestablement raffiné. Entrez. Pendant que le vieil enseignant règle les affaires courantes, je jette un coup d'oeil à l'exigu bureau: modeste, exigu, avec un ordinateur de l'ère MS Dos, et une collection de bouquins scolaires plus vieux que moi: visiblement, on a râclé les fonds publics qui restaient pour financer cet endroit. Mais pas le temps d'inspecter plus en détail: le doyen renvoie vite l'opportun. Fermez la porte derrière vous, et que l'on ne nous dérange pas.

 

Ca ne fait pas cinq minutes que je suis là, et je me rends bien compte que ce monsieur est attiré par ma jeunesse et ma franchouillarditude élégante (sic!). Je suis comme une bouffée d'air frais, pour cet homme qui est entouré quotidiennement d'adolescents et adultes sans éducation. Le voilà qui se penche vers moi, s'accoude à son bureau, pose délicatement sa tête dans sa main d'un geste efféminé, et lâche d'une voix mielleuse: parlez-moi un peu de la France, c'est tellement beau... Et puis de vous: qu'est-ce qui vous amène là?

 

L'espace d'une seconde, je suis un brin décontenancé. Je ne suis pas là pour faire ami-ami avec un vieux professeur homosexuel libidineux. Mais voyant que ce serait le moyen le plus rapide et le plus sûr d'obtenir ce que je suis venu chercher, je joue le jeu et répond avec une certaine emphase. Je lis dans ses yeux qu'il est enchanté de m'écouter parler et que je le fais voyager, à parler du pays de Molière avec cet accent "tellement beau". Et puis soudain, il s'ébroue, se rejette en arrière, revient à la réalité et la raison de ma visite: Bon, il faut que je vous fasse faire un test. Gestes d'agacements: ces formalités administratives sont tellement fastidieuses... Vous êtes un universitaire, pas besoin de vous faire l'examen complet... Tenez, prenez ce livre. Lisez.

 

Et me voilà parti à lire une fiche de lecture sur Don Quichotte et les moulins à vent de l'Extramadura. Au bout d'une page: ca suffit, c'est bien. C'est beau comme je lis, avec mon accent francais! Merci bien, professeur. S'ensuivent quelques questions de compréhension du texte. Facile. Le doyen semble s'ennuyer et rechigne à me faire passer un test complet. En théorie, en plus de l'épreuve d'espagnol, il y a un test de mathématiques, un autre de sciences naturelles, et une épreuve intitulée "Sciences sociales". Il imagine que si j'ai un diplôme universitaire, je sais compter jusqu'à 10. Bingo, professeur! La parlotte continue: quelques digressions sur la France, la politique, la littérature, blablabla, et voilà pour les "sciences sociales"! Mon accent francais, mon sourire et mes bonnes manières font le reste: j'ai définitivement conquis le coeur du doyen. Il sort une feuille de notes, me met 6 (sur 7) à toutes les matières, accompagné de "très bien" pour tout commentaire, et va faire tamponner le bulletin par le directeur. Et voilà: au bout de trois quarts d'heure, j'ai mon brevet des collèges, et suis autorisé à entrer au lycée!

 

Ca m'aura pris du temps et des démarches pour pouvoir passer le permis de conduire, mais rien que pour ca, ca valait la peine! Et j'ai finalement obtenu mon permis. Mais ca n'est pas assez intéressant pour mériter un nouvel article.

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 18:19

Après avoir perdu une heure et demie à la Direccion del Transito de Viña del Mar pour m'inscrire à l'examen du permis de conduire, je me suis dit, avant d'aller à la succursale de Quilpué, je vais au moins réunir tous les papiers que m'a indiqués l'employée pleine d'enthousiasme et de motivation du bureau de Viña. C'est donc dossier et photocopies sous le bras que je me présente à la Direccion del Transito de Quilpué, par un beau matin frisquet et nuageux... oui d'accord on s'en fout de ces considérations météorologiques.

 

Après une nouvelle heure passée à attendre mon tour dans une pièce vieillotte et froide (c'est pour ca que je mentionnais la météo), on m'appelle enfin au guichet. Je présente mon cas. "Vous avez les papiers nécessaires pour l'inscription?" J'étale la paperasserie sous les yeux pas du tout impressionnés du fonctionnaire. Une demi-seconde de scrutin, et la sentence tombe: "Il me manque le certificat d'études secondaires". Mais à Viña, on m'avait dit qu'une photocopie de mon diplôme universitaires, dûment estampillée par un notaire, suffisait... "Il faut qu'il soit validé par le ministère des Affaires Etrangères et par le ministère de l'Education", me répond l'employé d'une voix automatique qui laisse à peine transparaitre toute la passion qui anime ce fonctionnaire exalté. Et ici, pas moyen de faire valoir mon permis francais. Pas reconnu par la municipalité. Flûte, ils sont exigeants, à Quilpué! Sans doute plus méfiants à l'égard des étrangers que les Viñamarinos, nettement plus habitués aux Américains, Européens, Brésiliens ou autres.

 

Je ressors de là avec de nouveau la sensation d'avoir perdu mon temps. Avec une désagréable certitude, aussi: il me faudra passer l'examen du code de la route et l'examen pratique, puisque permis francais ou international ne valent rien à Quilpué. Et avec une question: combien de temps faudra-t-il pour que mon diplôme universitaire soit validé par les deux ministères, tous deux basés à Santiago, et qui ont bien évidemment d'autres chats à fouetter; pardon, d'autres document nettement plus importants à valider?

 

Plein d'espoir, ou plutôt à moitié plein, je décide de me diriger vers le Secrétariat régional du ministère de l'Education, à Viña del mar, en quête d'information. J'espère secrètement pouvoir les enjôler suffisamment, en montrant patte blanche et pleurnichant un peu, pour que le directeur local appose le tampon du ministère sans devoir envoyer mon diplôme et ma requête à Santiago. Rien n'y fait: dans une réponse courtoise mais désespérément zebdacienne, cet homme débonnaire me dit: "Je crois que ca va pas être possible". Et d'ajouter que le temps d'envoyer mon dossier à Santiago, qu'il soit traité par les deux ministères et renvoyé à Viña, ca prendrait bien trois mois. Connaissant la bureaucratie locale, je traduis par "au minimum trois mois, voire plus". Face à mon désarroi non dissimulé, le débonnaire directeur me dit: "Vous savez, ce qui serait plus simple et plus rapide, c'est que vous passiez le brevet des collèges. Vous avez un diplôme universitaire, ce devrait être une simple formalité".

 

Si tu veux conduire, passe le brevet d'abord! En voilà une idée! Alors évidemment, je m'inquiète un peu: je n'ai jamais étudié au Chili, comment puis-je faire pour passer un examen sans avoir idée de ce qu'il y a au programme, notamment l'Histoire (même si, je dois dire sans modestie aucune, je connais mieux les principaux épisodes de l'Histoire locale que la majorité des Chiliens)? Je dois avoir l'air assez perplexe, car le débonnaire directeur se sent obligé de me rassurer: "Ne vous en faites pas: on demande aux candidats au permis de conduire de présenter leur certificat d'études afin de s'assurer qu'ils sont capables de lire les panneaux et indications sur la route, rien de plus. Je vais faire passer votre dossier à un centre d'études pour adultes, en précisant que vous avez juste besoin du certificat pour le permis de conduire. Demandez à voir le doyen des professeurs de ma part".

 

Et moi qui pensait que tout cela ne serait qu'une formalité administrative...

 

A suivre...

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