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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 15:02
Après trois saisons à travailler à mon compte comme guide touristique, j'ai décidé de raccrocher. D'abord, parce que j'ai un emploi à temps plein qui ne me permet pas de me consacrer pleinement à cette activité. Ensuite, parce que l'envie n'est plus là. Et j'estime qu'un guide qui n'a pas, qui n'a plus la passion de partager ses connaissances et ses anecdotes n'est pas un bon guide.

Rien à voir avec le tremblement de terre, donc. Comme je l'ai déjà écrit, les zones les plus touristiques (les volcans et lacs, la Patagonie, le désert d'Atacama, l'île de Pâques) n'ont pas été touchées. Et les centres de Santiago, Valparaiso et Viña del Mar offrent toujours les mêmes points de vue, plages et musées aux visiteurs.

L'an passé, j'ai sérieusement songer à investir et monter une véritable petite agence de tourisme indépendante. Si je n'avais pas eu cet emploi stable en parallèle, peut-être l'aurais-je fait. Le potentiel est là, et il existe plein de manières de développer le tourisme dans ce pays. La qualité des tours organisés par les opérateurs chiliens dans la région de Valparaiso et à Santiago laisse souvent à désirer (on vous emmène en bus d'un point à un autre, avec des guides pas toujours bavards ni enthousiastes, et les visites sont très superficielles).

Modestie mise à part, je faisais beaucoup mieux, et j'ai souvent bien plus de connaissances que les guides locaux. Mais c'est fini tout ca. J'ai envie de consacrer mon temps libre à autre chose, et ne m'occuperai désormais d'organiser des visites guidées que pour les amis et la famille, quand ils viendront par ici. A bon entendeur...
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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 19:48
On n’a jamais vu plus tristes humoristes que les amuseurs publics chiliens. Invités dans divers programmes de télé dédiés à mobiliser les Chiliens et à leur remonter leur moral, ils n’ont pas le cœur à la plaisanterie. Désarmés qu’ils sont, comme leurs compatriotes. 2010 devait être une année de célébrations, les 200 ans du pays. La fête a tourné court. Toute manifestation culturelle a été interdite cette semaine. Le festival international de la chanson de Viña del Mar, l’un des plus importants du continent, a été amputé de sa dernière journée, samedi dernier. La venue du roi d’Espagne pour le salon de la langue espagnole a été annulée. Les places de concert pour les prochains jours sont remboursées –qui, de toute facon, a l’âme à sortir et faire la fête ?

La culture risque bien d’être une victime collatérale de ce cataclysme. Qui va dépenser l’argent public dans l’art et les spectacles ? Il n’y aura que les gros producteurs de concert et la télévision pour promouvoir un semblant de culture et de divertissement. Qu’est-il arrivé aux maisons-musées de Pablo Neruda ? Leurs nombreuses collections de coquillages, verres et bouteilles, en autres, doivent être sans dessus dessous. Et quid de l’exposition exceptionnelle de l’armée en terre cuite de l’empereur de Chine ? Les sculptures de soldats grandeur nature, actuellement exposées dans les sous-sols du palais présidentiel à Santiago, auront-elles résisté à cet ennemi que nulle hallebarde ne saurait menacer ?

De tout cela, on n’en parle pas dans les médias. Pas encore, en tout cas. En revanche, au titre de « divertissement », on invite les participants de « Peloton », un reality-show sur le mode « Septième compagnie », à découvrir les images du séisme en direct. Enfermés dans leur bulle, ils n’avaient aucune idée de l’ampleur des dégâts, quatre jours après la secousse. Après que le public ait pu apprécier, avec un brin de voyeurisme, leur réaction incrédule et choquée face aux images, les candidats sont retournés à leur casemate avec une nouvelle mission : faire de leur mieux pour divertir les téléspectateurs et ramener les sourires dans les foyers. Ca me fait rire jaune, mais passons.

La télévision chilienne s’est unie pour organiser un Téléthon spécial pour récolter des fonds en faveur des victimes du séisme, ce week-end. On espère que les humoristes auront retrouvé, au moins un peu, le sourire.
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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 14:41
Je n’ai pas eu l’occasion de regarder TV5, encore moins les chaînes de télé ou les journaux francais. Mais d’après ce que j’ai pu lire ci et là sur Internet, l’information est mal relayée à l’étranger. Sur le site de l’ambassade de France au Chili, on déconseille fortement aux voyageurs de se rendre dans le pays. C’est n’importe quoi. Certes, il y a des pillages et des violences dans les zones sinistrées. Certes, les secours pourraient être mieux organisés. Mais les autorités ont tout de même pris le contrôle des opérations beaucoup mieux et plus vite que l’ont fait, par exemple, les Etats-Unis après la catastrophe de Katrina. Par ailleurs, l’aéroport de Santiago est de nouveau partiellement opérationnel, et la situation est tout-à-fait sous contrôle dans la capitale et dans la région de Valparaiso. Quant aux zones touristiques de l’Atacama et de Patagonie, elles n’ont pas été touchées.

Chaos ? Anarchie ? Danger dans les rues ? C’est peut-être vrai dans les régions les plus touchées ; mais rien de tout cela par ici. Attention, Valparaiso, où l’intensité du séisme n’a été « que » de 7 à 8 degrés sur l’échelle de Mercalli (pour la différence entre Mercalli et Richter, voir la table ci-dessous), est assez sérieusement touchée. On compte pas moins de 3.400 maisons fortement endommagées et vouées à être détruites. Le nombre de victimes pour la région s’élève à 25 personnes. Mais la vie continue ici, rythmées par les répliques.

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Le séisme est certes à l’épicentre des conversations et préoccupations, mais le travail fait office d’échappatoire. Curieusement, beaucoup d’employés sont contents d’aller au turbin : certains se sentent plus en sécurité au bureau que dans leur logement. Et en groupe, inconsciemment, on a moins peur. Comme toujours, les drames sont l’occasion de solidarisation et de rapprochement entre les êtres. Mes pensées vont en ce moment à toutes les personnes âgées qui vivent seules dans leur maison, sans famille, sans amis valides, sans visites, et qui traversent seules cette épreuve.

Si l’aide est maintenant bien organisée et le pays tout entier mobilisé, les saccages de supermarchés continuent encore sporadiquement dans les régions du Maule et de Bio-Bio. Mais avec le couvre-feu de 18 heures à midi (18 heures par jour !), ces feux de pailles devraient s’éteindre. Et pour éviter les pillages, la meilleure solution, c’est rouvrir, tant bien que mal -quitte à servir les clients au goutte-à-goutte à travers les grilles.

Les grandes chaînes de magasins l’ont bien compris. Non seulement elles ont travaillé sans relâche pour rouvrir leur succursales, mais en plus, elles accaparent les écrans de télé avec leurs opérations de bienfaisance. Presque toutes proposent, pour chaque panier de nourriture achetée dans leurs locaux, de faire don de l’équivalent aux victimes. En réalité, les grandes enseignes en tirent sans doute un certain bénéfice (d’image, tout au moins), ne nous leurrons pas. Mais ne crachons pas sur une aide toujours bienvenue pour ceux qui n’ont plus rien
.
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 21:26
Bonjour et merci pour vos messages de sympathie. Je voudrais pouvoir y repondre, mais difficile de repondre aux emails et de tenir un blog quand on n'a pas de connection Internet! J'ai pu en trouver une, avec un mauvais ordinateur qui ne connait pas les accents. Mais venons en aux faits.

Apres le premier choc, les autorites ont mis un peu de temps a realiser l'ampleur des degats et a s'organiser. Avec les routes et communications coupees, difficile de reagir au quart de tour. Dimanche soir, pour faire face aux pillages de supermarches, le couvre-feu a ete declare dans les regions du Maule et de Bio-Bio. Mais malgre la presence des militaires, la mise a sac et les violences continuent. Lundi, par exemple, un local a ete volontairement incendie par des voisins depourvus de nourriture. Des voisins inquiets et en colere. Car beaucoup d'entre eux sont encore totalement coupes du monde, ne recoivent aucune information et se sentent oublies par les pouvoirs publics. Hopitaux (quand ils sont en etat de fonctionner), pompiers et forces de l'ordre font sans doute ce qu'ils peuvent, mais ce n'est pas suffisant pour rassurer et s'occuper de toute la population.

C'est dans ce contexte que lundi, la vie a repris a Santiago, a Valparaiso, dans les regions ou les degats sont importants, mais pas au point de paralyser toute activite. Lundi, personne n'avait la tete au travail. Beaucoup ont trouve leur bureau sens dessus dessous, et la journee s'est passee a nettoyer, ranger et prendre des nouvelles de ses collegues. Drole d'ambiance. C'etait un peu comme se reveiller avec une forte gueule de bois apres un week-end d'exces. C'etait un peu comme une seance de therapie collective, chacun s'efforcant d'exorciser ses peurs en racontant son vecu, en ecoutant comment ca s'est passe chez l'autre, quel est l'etendue des degats chez Untel, etc. Savoir que tous sont passes par la meme angoisse, par les memes evenements, c'est rassurant. A chaque nouvelle replique (on en compte environ 200 sur toute la zone, quelques-unes assez fortes) l'atmosphere se tend dans les bureaux. On entendrait une fourmi respirer. Quand la terre se met a trembler, la Terre s'arrete de tourner.

Pendant ce temps a la television, les images de desastre continuent d'arriver, au fur et a mesure que les secours et les journalistes atteignent les zones les plus reculees. Les tragedies humaines s'etalent sur petit ecran. Si le nombre de morts est officiellement de plus de 800 (mercredi matin), aucun chiffre du nombre de disparus ou de blesses n'est disponible. L'entraide s'organise. Les associations humanitaires sont sur le pont, les habitants se filent des coups de main, pretent tentent et vetements chauds, abritent les plus demunis, partagent la nourriture ou une simple pile electrique.

Le soutien vient de l'exterieur, aussi. Michelle Bachelet, d'abord reticente a appeler a l'aide internationale (Haiti en a plus besoin, disait-elle), a finalement du changer d'avis devant l'ampleur des degats. La presidente a demande du renfort pour etablir des hopitaux de campagne et des ponts mecano. De nombreux Etats ont repondu, et Hillary Clinton et le meilleur ennemi peruvien se sont rendus au Chili hier. Parmi les Etats voisins, il est a noter que ce sont des pays parmi les plus pauvres et les plus a gauche d'Amerique Latine, l'Equateur et le Venezuela, qui ont les premiers proposes leur aide au futur gouvernement de droite du pays le plus riche d'Amerique Latine. On peut au moins se rejouir de cela: la solidarite passe au-dessus des clivages politiques. Sans faire de vagues.

Mardi dans la journee, enfin, des caisses de vivres, couvertures et vetements ont commence a arriver dans les zones les plus sinistrees, mettant fin a pres de quatre jours d'isolement total, parfois de jeune. Le Chili commence a relever la tete et a rassembler les forces. Les collectes de dons se multiplient, les convois d'aide benevole partent pour le sud depuis Santiago. Le pays en a vu d'autres (dont le plus fort seisme jamais enregistre, en 1960), et il s'en relevera. J'en parlerai dans mon prochain article, demain j'espere.
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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 16:00

D’abord c´est un léger balancement, un bruit sourd qui vous tire de votre sommeil. Un tremblement comme un autre, comme on en ressent régulièrement dans ces contrées. Mais le balancement se transforme en fortes secousses, le grondement s’accentue, menacant. Pas le temps de réfléchir, pas le temps de comprendre, pas le temps d’emporter quoi que ce soit avec soi. Saut du lit, course vers la porte d’entrée. L’encadrement d’une porte : l’endroit le plus sûr pour se protéger. Instinctivement, on s’accroche bêtement au mur. Pas de quoi rassurer la peur : l’impression de tangage est aussi forte que sur un bateau de pêche affrontant des vagues de deux mètres.

 

Pendant que dure le séisme, l’esprit se vide. Impossible de penser. Le fracas de verres qui se brisent, de vitres qui éclatent, les alarmes des voitures, les fondements mêmes de la maison qui craquent et grincent, tout cela couvre le grondement de la Terre. Des éclairs jaillissent : les câbles électriques qui se touchent. Dans ce décor dantesque, on perd la notion du temps. Mais ca parait long, très long : près de 3 minutes de secousses ininterrompues, apprend-on après coup.

 

Puis c’est le calme plat, le silence atterré d’un peuple qui se réveille KO debout. Quelques secondes seulement. Tout de suite après, c’est la panique. Plongés dans le noir, pied nus, en pyjama dans la nuit froide, les Chiliens s’affolent, crient le nom des enfants égarés, de la grand-mère invalide qui n’a pas pu sortir du bâtiment. Des chiens hurlent à la mort, les sirènes des carabineros et des pompiers retentissent au loin. Certains se ruent à l’intérieur, dans l’espoir de sauver quelques objets précieux, de trouver à tâtons chaussures et manteaux. D’autres n’osent pas s’aventurer et restent au sol, traumatisés, dans la nuit fraiche. Sans électricité, sans eau, sans information, il est plus prudent de se regrouper sur le trottoir et attendre la lumière du jour pour évaluer l’ampleur des dégâts.

 

Le lever du soleil fait mal aux yeux : les ravages se découvrent enfin. Faute d’électricité, on allume la radio de la voiture. Les médias parlent d’un tremblement de terre de 8,3 à 8,8 sur l’échelle de Richter, ce qui en ferait l’un des cinq plus forts jamais enregistrés. Les répliques, plus ou moins fortes, se multiplient et rendent difficiles les opérations de secours. Autour de chez moi à Quilpué, pas de maison en ruine, pas de gros dégâts apparents. Mais l’intérieur des bâtiments est souvent bien plus touché qu’il n’y parait. La ville de Concepcion, la plus proche de l’épicentre, est détruite. Les témoignages qui s’accumulent durant la journée, les images qui défilent à la télé (qui fonctione de nouveau) sont catastrophiques. C’est une zone grande comme un tiers de la France qui est sévèrement touchée.

 

En plus du séisme, les villages de la côte centrale ont subi un tsunami ravageur, qui a probablement fait plus de victimes que le tremblement de terre lui-même. Dimanche soir, on estime que 500.000 habitations sont sérieusement dégradées ou totalement détruites. Plus de 700 personnes sont mortes, et le chiffre risque d’augmenter substantiellement : les secours n’ont pas encore pu parvenir à de nombreuses zones isolées, au sujet desquelles ne parvient aucune information. On ne compte pas les disparus ni les blessés.

 

Le premier choc passé, les secours s’organisent mais ne peuvent éviter l’anarchie : dans les villes les plus touchées, coupées du monde, c'est la panique totale et la course aux aliments de base. Les foules se ruent sur les supermarchés, forcent les grilles et ramassent ce qu’elles peuvent, de peur de manquer. Dans les petites communes peu achalandées, des commercants peu scrupuleux doublent, triplent ou quadruplent le prix du lait, de l’eau ou du pain. Les stations d’essence sont prises d’assaut. La peur de manquer se répand, irrationnelle, jusque à Santiago où il n’y a aucun risque de pénurie. Dans la capitale ou à Viña del Mar, pourtant moins touchées, de nombreux opportunistes profitent de la panique et des coupures d’électricité pour dévaliser les magasins. Aliments, vêtements, mais aussi frigos et télés sont enlevés sans vergogne. Les policiers, mobilisés dans tout le pays, ont du mal à réaliser les opérations de secours tout en se préoccupant des voleurs.

 

Devant l’ampleur des dégâts, le gouvernement chilien décrète l’état d’urgence dans les deux régions les plus touchées, avec couvre-feu et plein-pouvoirs aux militaires pour maintenir l’ordre et assurer les opérations d’aide et de secours. Sebastian Piñera, le futur président de la République qui entrera en fonction le 11 mars, appelle le secteur privé à venir en aide à l’Etat. Selon les premières estimations, le séisme et le tsunami qui a suivi auraient causé 30 milliards de dollars de dommages. C’est 15% du produit intérieur brut du pays, rien que ca.

 

La situation est dramatique, mais les Chiliens relativisent : Haïti est dans toutes les têtes. Le séisme qui a touché Port-au-Prince était beaucoup moins fort mais a causé beaucoup plus de dégâts et de victimes. C’est que le Chili est nettement mieux préparé. Les constructions anti-sismiques sont monnaie courante ici : tout nouveau building doit obéir à des règles d’urbanisme strictes (pas toujours respectées, cela dit). Et l’on ne compte pas les nombreuses maisons en bois, très flexibles. Par ailleurs, les Chiliens sont habitués aux secousses telluriques et savent comment réagir face à ces situations. Mais ca n’empêche pas les situations de panique.

 

Ici, avec mes quelques verres cassés, je me sens chanceux. Je dois me passer d’Internet, c’est tout. J’aurais presque honte de moi : j’ai apprécié la sensation de la terre qui bouge sous mes pieds, cette sensation d’être insignifiant et impuissant. Ca fait réfléchir, sur ce qui compte vraiment dans notre existence, sur la vanité humaine, aussi. Mais quand je vois les conséquences, je me dis que l’heure n’est pas à philosopher sur le sens de la vie. Pas encore…

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24 février 2010 3 24 /02 /février /2010 23:49
J'ai déjà parlé sur ce blog de Maitencillo, petite cité balnéaire et port de pêche à 60 kilomètres au nord de Vina del Mar. Mais je n'y ai jamais consacré un article entier. L'erreur va être réparée de suite.
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Maitencillo, qui possède l'une des plus longues et belles plages de la côte centrale du Chili, est certes un peu moins pittoresque que le village d'Horcon. Mais la petite cité a su garder un certain charme, et n'est pas encore défigurée par les grands buildings. Et pour cause: Maitencillo s'étale sur une étroite bande de terre, à flanc de falaise: pas de place pour les hautes tours -ou presque, certaines ont réussi à poindre sur les hauteurs.

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Maitencillo est depuis longtemps un site de villégiature pour les familles de classe moyenne supérieure, qui viennent de Santiago, Valparaiso ou les villes environnantes pour profiter de l'océan. On y trouve souvent des politiques en vacances, des acteurs, qui se mélangent avec les locaux, les familles de pêcheurs et les surfeurs. Point de rendez-vous de tout ce monde: le petit marché et ses poissons frais.

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L'eau potable est rare à Maitencillo, et beaucoup de maisons ont des puits assez profonds, ou bien des réservoirs d'eau de pluie. L'eau du robinet a un goût plutôt saumâtre. Pour faire du thé, c'est horrible. Autant utiliser de l'eau de mer! Mais à part cet inconvénient, c'est un havre de paix (hormis en pleine saison estivale). Il est toujours agréable de se promener entre ces maisons de vacances en bois, s'arrêter pour déguster une empanada de mariscos (sorte de chausson aux fruits de mer et au fromage, délicieux!), flâner sur la plage, grimper sur le romantique promontoire, ou bien assister au repas des pélicans.

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Les pélicans sont très communs au Chili, et spécialement à Maitencillo. Ils y sont pratiquement apprivoisés: on peut les approcher à moins de deux mètres. Et c'est dans leur propre intérêt: en se comportant ainsi, ils bénéficient des largesses des pêcheurs, qui tous les jours leur servent une caisse de restes de poissons pour déjeûner. Voilà ce que ça donne:


C'est généreux de la part des pêcheurs, sympa pour les pélicans, et ça devient un spectacle. Mais je ne crois pas que ce soit une bonne chose, en réalité. Car au lieu d'aller pêcher, les pélicans n'ont plus qu'à paresser en attendant le retour des pêcheurs. Et surtout, ça les rend agressifs. Parfois, les coups de bec sont très méchants et violents. C'est un exemple de plus du travestissement de l'ordre naturel par la faute des hommes. Mais ne soyons pas si chagrin: après tout, cette coutume fait plaisir à tout le monde, les pélicans les premiers.

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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 06:02
La société de consommation est-elle en train de remporter une victoire définitive sur le monde de l'art? J'en ai bien peur. Aujourd'hui, on consomme la musique plus qu'on ne l'écoute, tout comme on se gave d'images et de popcorn. La littérature doit faire vendre; l'architecture s'est rationalisée, fonctionnalisée (et c'est bien normal) et uniformisée. Tout doit être facile et accessible au grand public: c'est la culture prémâchée.

Tout ca n'est pas très nouveau. Mais ce qui est inquiétant, c'est que les formes d'art moins grand public, jadis affaire de connaisseurs et d'amateurs, sont en train de suivre le même chemin. L'oeuvre en tant que telle n'intéresse plus la nouvelle génération d'acheteurs d'art. C'est le statut social que cela confère: signe extérieur de richesse, de bon goût, de culture. "Regardez, j'ai un Pollock dans mon salon. Je n'ai aucune idée de ce que ca représente, mais c'est fort, non?" Dans un monde où tout est ramené à l'argent et au paraître, on considère d'abord une oeuvre par sa valeur monétaire avant de songer à la valeur artistique. C'est triste.

Jackson Pollock Galaxy
Triste aussi, le gaspillage de talents. Pour pouvoir vivre de son travail, l'artiste doit de plus en plus s'adapter à un moule qui le rende vendeur, "se prostituer", diraient certains. Il y en a qui résistent, quitte à bouffer des pâtes sans beurres ad vitam eternam. Mais le talent va aussi là où il y a de l'argent. Or argent et gens d'art ne font pas forcément bon ménage, et le talent brut n'est pas exploité comme il devrait ou pourrait l'être, mais poli et affadi pour les besoins de celui qui l'emploie.

Faire de l'art qui fait vendre, est-ce pour autant être un vendu? Possible. Car la finalité de l'art n'est pas de vendre. C'est nécessaire pour l'artiste, certes. Mais on parle bien d'un marché de l'art. Et sur ce marché-là, ce sont les acheteurs qui font la loi, pas les artistes.

Alors pour libérer l'art et les artistes, pour une création sans concessions, il faut inventer ou réinventer de nouvelles formes. L'essor libertaire du théâtre de rue, qui ne doit rien à personne, est une bouffée d'air frais (même si la qualité n'est pas toujours au rendez-vous). L'art contemporain actuel, de plus en plus conceptuel, cérébral ou incompréhensible, est un bouillonnant magma transdisciplinaire échappant à toute tentative d'équitetage et de mise en cases. Mais là encore, ceux qui ont l'art de se vendre ne sont pas forcément les plus grands artistes.

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On pourrait aussi "anoblir" au rang d'art des disciplines jusque-là méprisées mais dépourvues de nécessité mercantile, comme le scrapbooking, la récupération créative de déchets ou objets inusités (je pense au collier de nouilles...). Et pourquoi pas? L'art contemporain s'est bien affranchi de l'esthétisme et des matières, de la technique aussi. Il ne tient qu'au fil tortueux du concept. Dès lors, pourquoi un collier de nouilles ne pourrait-il pas être considéré comme de l'art, s'il est soutenu par ledit tortueux fil?

Au fond, ce qu'il faudrait, c'est libérer l'art de cette nécessité de plaire au marché, et permettre aux artistes de vivre et créer sans concessions grâce au mécénat. Mais un mécénat sans droit de regard, comme une sorte de RMI artistique que verserait l'Etat. Et puis surtout, il faudrait redéfinir l'art comme un pur acte de création, qui n'appartient à personne; une création à valeur non quantifiable et qui n'a pas besoin d'attendre les critiques d'éminents spécialistes pour être qualifiée d'art ou de cochon. Ainsi, et seulement, l'art pourra s'affranchir de l'oppressante société de consommation et redevenir ce qu'il aurait toujours dû être: une discipline universelle, qui ne s'achète ni se vend, et appartient à l'Humanité toute entière.
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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 14:10
Les actionnaires au gouvernement. La droite libérale en rêve partout dans le monde, Sebastian Piñera l'a fait. Le nouveau président chilien a divulgué hier la composition de son cabinet: on dirait le comité de direction d'une multinationale. Sur 22 ministres, on trouve pas moins de 7 entrepreneurs et 11 économistes ou spécialistes de la finance. Voici quelques-unes des figures principales:
 
rodrigo-hinzpeter
Rodrigo Hinzpeter, ministre de l'Intérieur, numéro 2 du gouvernement: Spécialiste du droit des affaires, issu d'une famille de gauche (Hinzpeter père était intime d'Allende), il a progressivement dérivé à droite et est devenu le bras droit de Piñera. C'est peut-être cela que le nouveau président appelle "l'esprit d'ouverture".

alfredo-morenoAlfredo Moreno Charme, ministre des Relations Extérieures, numéro 3: Spécialiste de la finance et des fusions d'entreprises, il est directeur ou vice-président de plusieurs grandes companies nationales. et internationales. A l'image de Piñera qui a finalement vendu ses actions de Lan Chile, il devrait renoncer à la plupart de ces fonctions.

jaime-ravinetJaime Ravinet, ministre de la Défense, numéro 4: Membre de la Démocratie Chrétienne qui faisait partie de la coalition gouvernementale de centre-gauche, dont il a été ministre. Figure de la politique chilienne, c'est le premier "traître" à retourner sa veste (quand il a appris sa nomination, il a quitté la DC après 49 ans de militantisme). Voilà qui va faire mal à la future opposition, et peut-être amener le centre à défaire son alliance avec les socialistes et se rapprocher de la droite piñeriste.

cristian-larrouletCristian Larroulet, secrétaire général de la Présidence, numéro 6: Un autre économiste qui a fait ses classes auprès de l'école ultra-libérale de Chicago, tout comme Alfredo Moreno. Piñera avait dit que son gouvernement ne compterait aucun ancien ministre de Pinochet. Peut-être, mais Larroulet fut directeur de cabinet de l'emblématique ministre des Finances de Pinochet, Hernan Buchi.

joaquin-lavinEt que dire de Joaquin Lavin, assesseur de la planification nationale de Pinochet, éminence de l'Opus Dei, nommé ministre de l'Education? On peut comprendre que Piñera se devait d'accorder un portefeuille à Lavin, qui fut son adversaire présidentiel il y a quatre ans et s'est depuis converti en précieux allié. Mais l'éducation? Autant la confier aux jésuites!

Parmi les autres cadres du gouvernement, on compte également l'un des architectes de l'indépendance de la banque centrale (clairement, il a fait en sorte que l'Etat se mêle le moins possible des marchés financiers et du business local), six femmes (mais aucune en charge d'un ministère stratégique), et des vrais professionnels pour des domaines aussi spécifiques que la santé ou l'agriculture (ca, c'est plutôt bien). Et pour le côté people, on a mis un acteur de télé (qui possède aussi une compagnie de théâtre e est assesseur culturel, il est vrai). Là, sans commentaire.
 
Bref, moi qui espérais un gouvernement ouvert, comme Piñera lui-même l'avait annoncé, j'ai été bien optimiste et naïf. Certes, à première vue, il y a beaucoup d'indépendants (la moitié des ministres ne sont affiliés à aucun parti) et un ex-pilier du centre-gauche. Mais tous ces indépendants sont bien évidemment sympathisants du nouveau président. Et au final, c'est surtout un cabinet d'économistes et de financiers. Qui, j'en ai bien peur, risquent de gouverner un pays comme ils géreraient une fabrique de pots de yaourts. L'avenir le dira...
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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 23:46
Cela fait maintenant presque trois semaines que le Chili a élu son nouveau président, Sebastian Piñera. Et je n'ai pas écrit une ligne à ce sujet. Pourquoi? Parce que ledit président n'entrera en fonction qu'en mars, donc il y a le temps pour en parler. Et puis sitôt l'élection terminée, tout le monde est parti en vacances, et moi-même je vaquais à d'autres occupations. Mais passons, j'ai décidé qu'il était temps de sortir de mon mutisme.

Sebastian Piñera est souvent comparé à Silvio Berlusconi. Tous deux hommes de droite, ils ont amassé une grande fortune dans les affaires (Piñera est actionnaire principal de la compagnie aérienne Lan, du plus grand club de foot chilien et d'une chaîne de télé). Tous deux ont vu en la politique une sorte d'ultime challenge, et l'on pourrait dire que les deux y ont cherché une sorte de consécration.

Mais la comparaison s'arrête là. Berlusconi s'est allié à l'extrême-droite et a fait passer des lois aventageuses pour ses négoces. Piñera, lui, a promis qu'aucun ancien ministre de la dictature de Pinochet ferait partie de son gouvernement, et il s'est engagé à vendre toutes ses actions. Bon, il y a de fortes chances que ca reste en famille, mais au moins il fait preuve d'intégrité. J'ai aussi l'impression que pour Berlusconi, la consécration consistait à arriver au sommet. Piñera a vraiment le désir de changer et de "faire les choses bien", sans quoi il ne considérera pas avoir atteint cette fameuse consécration. Ceci dit, il a déjà la satisfaction de mettre fin à vingt ans de règne de la coalition de centre-gauche qui gouverne le Chili depuis la chute de Pinochet.

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Comment Piñera agira-t-il une fois au pouvoir? Je ne me livrerai à aucun pronostic. Mais j'ai peur qu'il oublie un peu vite son programme social et fasse des ponts d'or à ses copains capitalistes. Comme un certain Nicolas. Oui, selon moi, Piñera s'apparente plus à Sarkozy. Comme lui, il risque d'avoir une politique très capitaliste, et souhaite renforcer la lutte contre la délinquance (au prix de quelles entraves à la liberté individuelle? c'est bien cela qui inquiète ses détracteurs). Comme lui, il a annoncé qu'il souhaiterait intégrer des personnalités de gauche et du centre dans son gouvernement. Et ca, c'est très intéressant, dans un pays où le clivage droite-gauche est très marqué (en gros, il divise les ex-pinochétistes à droite et les opposants à la dictature de l'autre côté).

En France, Nicolas Sarkozy a non seulement réussi à intégrer des personnalités de gauche dans son gouvernement et faire en sorte que cela fonctionne, mais il a aussi durablement affaibli l'opposition, désemparée face à cette "trahison" de quelques membres historiques et qui ne sait plus trop sur quel pied danser. Très vicelard, comme stratégie. Plus que l'esprit d'ouverture, je soupconne que c'est cette possibilité de faire vaciller l'opposition qui a motivé Piñera à imiter Sarkozy. Mais laissons-lui pour l'instant le bénéfice du doute.

Si Sebastian Piñera réussit à ouvrir son gouvernement à gauche, ce sera de toute facon une grande victoire pour lui. Soit une victoire de la démocratie et de l'ouverture, signifiant que la droite a définitivement tiré un trait sur la sombre époque de la dictature; soit une victoire de la droite face à l'opposition, qui se retrouverait profondément démobilisée si certains cadres acceptaient l'offre du nouveau président. J'espère profondément que la première option l'emportera. Sans trop y croire...

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 19:06
Il est important d'être toujours rassasié. Ainsi, impossible de vous faire avaler des couleuvres.
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