Maitencillo, qui possède l'une des plus longues et belles plages de la côte centrale du Chili, est certes un peu moins pittoresque que le village d'Horcon. Mais la petite cité a su garder un certain charme, et n'est pas encore défigurée par les grands buildings. Et pour cause: Maitencillo s'étale sur une étroite bande de terre, à flanc de falaise: pas de place pour les hautes tours -ou presque, certaines ont réussi à poindre sur les hauteurs.
Maitencillo est depuis longtemps un site de villégiature pour les familles de classe moyenne supérieure, qui viennent de Santiago, Valparaiso ou les villes environnantes pour profiter de l'océan. On y trouve souvent des politiques en vacances, des acteurs, qui se mélangent avec les locaux, les familles de pêcheurs et les surfeurs. Point de rendez-vous de tout ce monde: le petit marché et ses poissons frais.
L'eau potable est rare à Maitencillo, et beaucoup de maisons ont des puits assez profonds, ou bien des réservoirs d'eau de pluie. L'eau du robinet a un goût plutôt saumâtre. Pour faire du thé, c'est horrible. Autant utiliser de l'eau de mer! Mais à part cet inconvénient, c'est un havre de paix (hormis en pleine saison estivale). Il est toujours agréable de se promener entre ces maisons de vacances en bois, s'arrêter pour déguster une empanada de mariscos (sorte de chausson aux fruits de mer et au fromage, délicieux!), flâner sur la plage, grimper sur le romantique promontoire, ou bien assister au repas des pélicans.
Les pélicans sont très communs au Chili, et spécialement à Maitencillo. Ils y sont pratiquement apprivoisés: on peut les approcher à moins de deux mètres. Et c'est dans leur propre intérêt: en se comportant ainsi, ils bénéficient des largesses des pêcheurs, qui tous les jours leur servent une caisse de restes de poissons pour déjeûner. Voilà ce que ça donne:
C'est généreux de la part des pêcheurs, sympa pour les pélicans, et ça devient un spectacle. Mais je ne crois pas que ce soit une bonne chose, en réalité. Car au lieu d'aller pêcher, les pélicans n'ont plus qu'à paresser en attendant le retour des pêcheurs. Et surtout, ça les rend agressifs. Parfois, les coups de bec sont très méchants et violents. C'est un exemple de plus du travestissement de l'ordre naturel par la faute des hommes. Mais ne soyons pas si chagrin: après tout, cette coutume fait plaisir à tout le monde, les pélicans les premiers.