La culture risque bien d’être une victime collatérale de ce cataclysme. Qui va dépenser l’argent public dans l’art et les spectacles ? Il n’y aura que les gros producteurs de concert et la télévision pour promouvoir un semblant de culture et de divertissement. Qu’est-il arrivé aux maisons-musées de Pablo Neruda ? Leurs nombreuses collections de coquillages, verres et bouteilles, en autres, doivent être sans dessus dessous. Et quid de l’exposition exceptionnelle de l’armée en terre cuite de l’empereur de Chine ? Les sculptures de soldats grandeur nature, actuellement exposées dans les sous-sols du palais présidentiel à Santiago, auront-elles résisté à cet ennemi que nulle hallebarde ne saurait menacer ?
De tout cela, on n’en parle pas dans les médias. Pas encore, en tout cas. En revanche, au titre de « divertissement », on invite les participants de « Peloton », un reality-show sur le mode « Septième compagnie », à découvrir les images du séisme en direct. Enfermés dans leur bulle, ils n’avaient aucune idée de l’ampleur des dégâts, quatre jours après la secousse. Après que le public ait pu apprécier, avec un brin de voyeurisme, leur réaction incrédule et choquée face aux images, les candidats sont retournés à leur casemate avec une nouvelle mission : faire de leur mieux pour divertir les téléspectateurs et ramener les sourires dans les foyers. Ca me fait rire jaune, mais passons.
La télévision chilienne s’est unie pour organiser un Téléthon spécial pour récolter des fonds en faveur des victimes du séisme, ce week-end. On espère que les humoristes auront retrouvé, au moins un peu, le sourire.