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28 septembre 2007 5 28 /09 /septembre /2007 13:37
DANS LE MONDE DE L'INSOLITE

J'imagine que certains d'entre vous connaissent les insolites Yoopi! La plupart du temps, ils donnent une information drôle, mais leur dépêches sont écrites platement, d'une platitude à faire pâlir d'envie un mannequin anorexique ou les soles de mon poissonnier. Oui, parce que les insolites Yoopi! sont un copié-collé des insolites de l'Afeupeu (AFP), qui sont écrites dans un style journalistique strictement neutre et informatique. Comme je ne suis pas toujours un modèle d'humilité, j'ai décidé de prendre au hasard quelques-uns de ces insolites tristement plats, et vous donner ma version à moi. Pardon, ils datent un peu...



A la pêche au liquide

Des petits malins ont inventé une pêche plus lucrative que celle des moules: la pêche aux boîtes à lettres des banques, où les commerçants déposent leur recette. Imaginez la gêne des agents du Crédit Agricole qui ont appelé la police pour expliquer qu"il y a des hameçons dans la boîte": on allait leur rire au nez. Mais les enquêteurs ont mordu à l'hameçon et arrêté les pêcheurs d'enveloppes qui avaient poussé le bouchon trop loin.

***

Le vin, ça conserve!

Barbara Skapa risque de devenir une femme très enviée, voire jalousée. Cette Américaine de 65 ans s'est vu refuser le droit d'acheter du vin au supermarché, ne pouvant pas prouver qu'elle était majeure! La caissière lui a demandé sa carte d'identité, que la dame n'avait pas. Le magasin vérifiant l'âge de toute personne paraissant avoir moins de 45 ans, Barbara peut être flattée. Comme quoi le vin, ça conserve mieux que le Botox.

***

A vous faire tourner chèvre

Question à 1.000 euros: comment répare-t-on deux Boeing en panne à Katmandou? Oubliez "Tintin au TIbet", la réponse ne s'y trouve pas. Rangez votre caisse à outil, ne cherchez pas sur Internet. Face aux nombreux problèmes techniques de ses deux Boeing 757, la compagnie aérienne a décidé de sacrifier une chèvre, espérant ainsi satisfaire les dieux et permettre aux avions de revoler. A la limite, ç'aurait été plus logique de choisir un aigle, non?


PS: si vous me dites que vous préférez de loin les insolites Yoopi!, j'arrête d'écrire, je ferme ce blog et je me coupe la main! C'est couillon en fait, maintenant personne ne va oser dire que l'Afeupeu c'est mieux...
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26 septembre 2007 3 26 /09 /septembre /2007 07:39
Vous le savez sans doute, l’ancien dictateur péruvien Alberto Fujimori, qui vivait depuis près de deux ans au Chili, a été extradé au Pérou le week-end dernier pour y être jugé. La presse en a pas mal parlé en France apparemment, mais ne zappez pas! Vu du Chili, les choses sont plus croquignolettes.

Par exemple, parmi les partisans aveugles de Pinochet, on en trouve qui, en revanche, critiquent vertement Fujimori, le traitent de dictateur infâme. Alors que le régime de Fujimori a probablement fait moins de victimes que celui de Pinochet (on en attribue 54 au Péruvien, plus de 2.700 au Chilien). Alors que le parcours des deux hommes se ressemble: tous deux étaient inconnus en politique avant de prendre le pouvoir. Perçus à leurs débuts comme des alternatives au système, à l’ordre établi, les deux hommes ont chacun rapidement mis sur pied une dictature qui s’appuie sur l’armée. Tout comme Pinochet, Fujimori a commis des crimes contre l’Humanité via la répression des opposants politiques, a également détourné des fonds… Wikipedia vous en dira plus que moi.

web-FUJIMORI-PROFUGO.jpg

Fujimori était entré au Chili illégalement, bénéficiant d’un cafouillage de la police internationale à l’aéroport de Santiago. Arrivé du Japon en jet privé, il a eu le temps de passer la douane avant que le chef de la police soit alerté qu’un individu ressemblant à Alberto Fujimori venait de poser le pied au Chili. C’était en novembre 2005. Ca, c’est la version officielle, je ne saurais quel crédit lui accorder, je ne saurais dire s’il est possible qu’on ait simplement fermé les yeux et laissé passer sans rien dire.

L’ancien dictateur péruvien, en fuite depuis l’an 2000, a ensuite passé six mois sous les verrous, puis a été mis en liberté conditionnelle. Depuis quinze mois, il vivait dans une prison dorée près de Santiago, attendant que la Cour suprême chilienne décide ou non de l’extrader. Et préparant son retour en politique au Pérou. Confiant. Même après avoir appris la décision de la Cour suprême.

Très confiant même: vendredi soir, juste avant de monter dans l’hélicoptère qui venait le chercher pour l’emmener au Pérou, Fujimori a même donné une interview à la télévision chilienne. "Le Chili n’était qu’une étape pour préparer mon retour au pays. Les événements vont un peu plus vite que prévu, mais je suis un président qui affronte les problèmes", affirme-t-il, le sourire froid. "Le but de mon passage au Chili était de faire réduire le nombre de charges contre moi." Et c’est réussi: après vingt mois de procédures, cinq des douze chefs d’accusation, soit 27 de la quarantaine de délits, ont été retirés. Et la Cour suprême chilienne a fini par voter l’extradition de Fujimori.

"El Chino", comme le surnomment les Péruviens à cause de ses origines japonaises, ne sait que trop bien qu’en prenant cette attitude confiante, il montre à ses futurs juges qu’il n’entend pas se laisser ébranler. "Je m’en vais la conscience tranquille", conclut-il, espérant pouvoir se présenter aux prochaines élections présidentielles. C’est un livre à la main que Fujimori est monté dans l’hélico qui l’emmenait au Pérou. Le titre? "Fujimori revient".

fujimori.jpg

Cette extradition est une bonne affaire pour le gouvernement chilien. Depuis longtemps en froid avec le Pérou pour une vieille histoire de frontière dont j’ai déjà parlé, le Chili peut ainsi espérer améliorer les relations démocratiques entre les deux pays. D’autant plus que le gouvernement de Michelle Bachelet a lancé un programme pour venir en aide aux victimes du séisme du 16 août dernier au sud du Pérou.

La presidenta, justement, est en ce moment à New York pour le sommet de l’ONU sur le réchauffement climatique. Et elle a emmené dans ses bagages les chefs des principaux partis chiliens, opposition inclus. But du jeu: montrer que le Chili est un pays uni, afin de donner une image positive de la démocratie chilienne. Le pays brigue en effet un siège à la commission des droits de l’Homme de l’ONU. Et l’extradition de Fujimori tombe à pic pour jouer en faveur du Chili. Etrange coïncidence, non?
 
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25 septembre 2007 2 25 /09 /septembre /2007 02:22
Suite et fin de mon hommage à Neruda, avec un extrait de "J'avoue que j'ai vécu" où le poète parle des collines de Valparaiso, ces fameux cerros qui sont comme des villages dans la ville, avec chacun son identité propre:


"Les sommets de Valparaiso décidèrent de laisser glisser leurs hommes et de précipiter les maisons d'en haut pour qu'elles aillent tituber dans les ravins teints en rouge par la glaise, en jaune vif par les dés d'or, en vert ombrageux par la nature sauvage. Mais les maisons et les hommes s'agrippèrent à la hauteur, ils se roulèrent en boule, ils se fichèrent en terre, ils se contorsionnèrent, ils se mirent à la verticale, ils s'accrochèrent avec les dents et avec les ongles à chaque abîme. Le port est un débat entre la mer et la nature évasive des cordillères. Mais dans cette lutte l'homme a gagné. Les coteaux et la plénitude marine ont tracé le plan de la ville et ils l'ont faite uniforme, non comme une caserne mais avec la disparité du printemps, avec le contraste de ses peintures, avec son énergie sonore. Les maisons se firent couleurs: en elles se marièrent l'amarante et le jaune, le cobalt et le carmin, le vert et le pourpre. Ainsi Valparaiso assuma sa mission de port véritable, de navire échoué mais vivant, de bateaux avec leurs pavillons claquant au vent. Le vent du Grand Océan méritait une ville de drapeaux.

J'ai vécu au milieu de ces collines blessées et odorantes. Ce sont des lieux délicieux où la vie vient se heurter à une infinité d'extra-muros, à un colimaçonnisme insondable, à une sinuosité de trompette. Dans la spirale voici un carrousel orangé, un moine qui descend, une fillette aux pieds nus la tête enfouie dans une pastèque, un remous de matelots et de femmes, une vente de ferraille on ne peut plus rouillée, un cirque minuscule dont le chapiteau ne peut guère contenir que les moustaches du dompteur, une échelle qui monte jusqu'aux nuages, un ascenseur qui s'élève avec un chargement d'oignons, sept ânes porteurs d'eau, une voiture de pompiers qui vient d'éteindre un incendie, une devanture où l'on a aligné des bouteilles de vie ou de mort.

Toutes ces collines portent des noms profonds. Voyager à travers eux c'est entreprendre un voyage sans fin car l'exploration de Valparaiso ne s'achève ni sur la terre ni dans la toponymie. Coteau Allègre, Coteau Papillon, Coteau de l'Hôpital, de la Tablette, de l'Encoignure, de la Louverie, des Cordages, des Femmes-Potiers, du Moulin, des Hiboux, des Troglodytes, de la Jonchère, du Pénitencier, des Renards, de Saint-Etienne, de l'Emeraude, de l'Amandier, de l'Artillerie, des Laitiers, de la Conception, du Cimetière, de la Chardonnière, de l'Arbre-Touffu, de l'Hôpital-Anglais, de la Palme, de la Reine Victoria, de Saint-Jean-de-Dieu, de la Crique, de la Chèvrerie, de Biscaye, du Cap, des Roseaux, de la Vigie, de l'Arcadie, du Coing, du Boeuf, de la Floride.

Je ne peux fréquenter autant d'endroits. Valparaiso a besoin d'un nouveau monstre marin, d'un octopode qui réussira à en faire le tour. Moi je profite de son immensité -de son immensité intime- mais je suis incapable de saisir en entier, à droite, ses couleurs multiples, à gauche, sa germination, et de l'observer intégralement dans sa hauteur ou ses abîmes.

Je me contente de la suivre dans ses cloches, dans ses ondulations et dans ses noms.

Dans ses noms surtout, car ils possèdent racine et radicule, air et huile, histoire et action: ils ont du sang dans leurs syllabes."


Ici s'arrête cette mini-série. A l'origine je voulais ajouter un autre extrait, mais un bug d'Over-Blog m'a fait disparaître l'extrait sur les escaliers de Valparaiso. C'est dommage, c'était mon préféré, et je n'ai pas le livre avec moi pour le retrouver (il est en France). J'espère que Neruda vous a séduit comme moi. Je n'ai pas voulu mettre d'images pour illustrer ses textes, mais vous pouvez aller dans les albums photos pour cela...
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24 septembre 2007 1 24 /09 /septembre /2007 02:19
Suite de l'hommage que je rends à Pablo Neruda, disparu le 23 septembre 1973. Aujourd'hui, un extrait où il décrit les terribles séismes qui ont secoué Valparaiso.


"Valparaiso parfois se secoue comme une baleine blessée. Il titube en suspens, il agonise, il meurt et ressuscite.

Ici, chaque habitant porte en lui un souvenir de tremblement de terre. C'est un pétale d'effroi qui vit collé au coeur de la ville. Chacun ici est un héros avant de naître. Car dans la mémoire du port il y a ce désastre, ce frémissement de la terre dans un bruit rauque qui arrive de la profondeur, comme si une cité sous-marine et souterraine faisait sonner le glas à ses clochers enfouis pour dire à l'homme que c'est la fin du monde.

Parfois, alors que les murs et les toits ont déjà roulé dans la poussière et dans les flammes, parmi les cris et les silences, oui, alors que tout semblait définitivement tranquille dans la mort, on voit sortir, comme une dernière épouvante, la mer, la lame énorme, l'immense main verte qui, haute et menaçante, monte telle une tour de vengeance balayer la vie qui restait à sa portée.

Tout commence quelquefois par un vague mouvement et ceux qui dormaient se réveillent. L'âme, en son demi-sommeil, communique avec de lointaines racines, avec sa profondeur terrestre. Elle avait toujours voulu savoir et maintenant elle sait. Puis, dans le grand ébranlement, il n'y a plus rien à quoi se raccrocher car les dieux s'en sont allés et les églises vaniteuses se sont changées en mottes triturées.

La frayeur qui naît alors n'est pas celle que provoque le taureau furieux, ou le poignard qui menace ou l'eau qu'on avale. C'est une frayeur cosmique, une insécurité instantanée, l'univers qui s'effondre et se décompose. Et pendant ce temps la terre tonne sourdement, avec une voix que personne ne lui connaissait.

La poussière que les maisons avaient soulevée en s'écroulant se dissipe peu à peu. Et nous restons seuls avec nos morts et avec tous les morts, sans savoir pourquoi nous sommes vivants."


Je n'ai pas vécu, heureusement, de tremblement de terre de cette violence. Mais je sais que ça peut arriver. N'importe quand. Car un séisme est imprévisible. Et les mots de Neruda me font vibrer. C'est pourquoi je vous propose un nouvel extrait demain.
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23 septembre 2007 7 23 /09 /septembre /2007 02:38

Le 23 septembre 1973, douze jours après que son ami Allende ait été renversé, Pablo Neruda mourait dans la détresse et la désolation. Le plus célèbre des auteurs chiliens (et l'un des deux prix Nobel de littérature du pays avec Gabriela Mistral) avait aussi été l'un des chefs de file du parti communiste, et sa vie remplie de voyages, marquée par l'exil, est un véritable roman. Les mémoires du poète, "J'avoue que j'ai vécu", recèlent d'anecdotes pétillantes ou mélancoliques. Et parce qu'il a su décrire Valparaiso comme personne, voici quelques extraits de ce livre:


"Valparaiso est secret, plein de recoins. Sur les collines se déverse comme une cascade la foule des pauvres. On sait ce que cette population innombrable mange -et ne mange pas, comment elle s'habille -et ne s'habille pas. Le linge étendu sur les cordes pavoise chaque maison et la prolifération incessante des pieds nus dénonce par son fourmillement l'amour sans cesse renaissant.

Mais près de la mer, en terrain plat, il y a des maisons avec des balcons et des fenêtres, où n'entrent pas beaucoup de pieds."

Neruda évoque ensuite (trop longuement pour que je le rapporte ici) quelques personnages haut-en-couleur de Valparaiso, et poursuit:

"Petits mondes de Valparaiso, abandonnés, sans raison et sans temps, comme des caisses laissées un jour au fond d'une cave et que personne n'a plus réclamées, caisses dont on ne sait pas d'où elles viennent et qui ne sortiront jamais de leur enceinte. Dans ces domaines secrets, dans ces âmes de Valparaiso sont peut-être gardés à jamais la souveraineté perdue d'une vague, la tempête, le sel, la mer qui bourdonne et qui papillote. La mer de chacun, menaçante et recluse: un son incommunicable, un mouvement solitaire, devenu farine et écume des rêves.

Les vies excentriques que j'ai découvertes à Valparaiso m'ont toujours surpris par leur identité parfaite avec ce port déchirant. Là-haut, sur les falaises, la misère fleurit à gros bouillons frénétiques de goudron et de gaieté. En bas, les grues, les embarcadères, les travaux de l'homme couvrent la ceinture de la côte d'un masque peint par le bonheur fugitif. Certaines vies, pourtant n'ont jamais atteint les falaises, comme elles ne sont pas descendues non plus jusqu'au travail. Elles ont gardé dans leur coquille leur propre infini, leur portion de mer.

Et elles l'ont protégé avec leurs propres armes, tandis que l'oubli s'approchait d'elles comme la brume."


C'est beau, n'est-ce pas? A noter que Neruda parle de Valparaiso au masculin, alors que j'aurais tendance à parler d'elle. Je vois plutôt la Vallée-Paradis comme une ville féminine, malgré sa rudesse de cité portuaire. Je continuerai cet hommage à Neruda demain, avec de nouveaux extraits de ses mémoires, toujours sur Valparaiso.

 
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22 septembre 2007 6 22 /09 /septembre /2007 05:19
Alberto Fujimori a été extradé hier soir du Chili vers le Pérou, où il devrait être jugé. Je parlerai de ça plus en profondeur dans les prochains jours, ça mérite qu'on s'y attarde. Avec une vision chilienne de la chose, c'est intéressant.
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21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 06:54
Vous le savez sans doute, le sud du Pérou a subi il y a cinq semaines un très fort tremblement de terre qui a détruit plusieurs villes et fait plusieurs centaines de victimes (à ce sujet, je vous conseille vivement le blog d'El Nino). Au Chili, une campagne a été lancée pour récolter des fonds et venir en aide aux Péruviens sans logement, sans eau, sans soins…

C’est bien tout ça, mais ça sent la récupération politique, la décision diplomatique pour améliorer les relations avec le Pérou, jamais très bonnes. Le pays continue en effet de réclamer des territoires au nord du Chili, alors que ce dernier les a gagnés lors de la guerre du Pacifique au XIXe siècle. Le Péruvien est têtu… Alors en donnant la main aux victimes du séisme, Santiago cherche à l'amadouer.

Vous croyez que je suis mauvaise langue? Attendez! Il faut savoir que l’hiver 2007 est le plus rude qu’ait vécu le Chili depuis plus d’un siècle, et que le sud du pays est resté si longtemps enneigé que de nombreux élevages ont été décimés par le froid et la faim, et que des centaines de familles de paysans qui en vivotaient se retrouvent sur la paille. C’est une véritable catastrophe humanitaire, mais il semblerait que le gouvernement préfère donner un coup de main au Pérou.

Et puis tiens, j’entendais avant-hier aux infos que le Chili serait presque prêt à extrader Fujimori au Pérou, permettant ainsi que l’ancien dictateur soit jugé à Lima, dans son pays, comme le demandent les Péruviens. Alors, je suis toujours mauvaise langue?

Ceci dit, c’est tout de même une bonne chose que le Chili aide les victimes du séisme. On ne va pas tout critiquer non plus! Mais ça me conforte dans l’idée que l’aide humanitaire n’est que très rarement désintéressée et indépendante de toute stratégie politique. Malheureusement.


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20 septembre 2007 4 20 /09 /septembre /2007 21:06
Le 18 septembre, c’est donc la fête nationale au Chili. Mais le lendemain est également férié: c’est la fête de l’armée. Ce jour-là, on a droit à un long(uet) défilé militaire retransmis en direct et en intégralité sur toutes les chaînes, avec des commentaires tellement élogieux que je suis à peu près sûr que le présentateur ne fait que lire texto un chapelet de louanges promouvant l’armée, écrit par le service de communication de la Grande Muette chilienne. N’y voyons pas toutefois un spectre de l’époque Pinochet. N’oublions pas que le Chili a une grande tradition militaire, et que l’armée, en plus de son poids au sein de l’Etat, jouit ici d’un fort respect de la part de la population.

Une chose m’a fait sourire: voir les militaires évoluer au son de la Marche de Radetzky, de Johann Strauss, un air sautillant qu’on est plutôt habitué à entendre au concert du Nouvel An de l’orchestre philharmonique de Vienne ou de Berlin, entre le Lac des cygnes et le Danube bleu. Mais au Chili, faute de compositeur de musique militaire, on pêche à droite à gauche: Strauss, Haendel, Verdi… J’imagine qu’on fait de même dans d’autres pays.

Par contre, une chose m’a fait froid dans le dos: lors d’un de ces barbecues en famille et entre amis, au son d’une marche militaire, une dame d’une soixantaine d’années s’est soudain levée et a scandé « Pinochet, Pinochet! » Ses yeux nostalgiques lançaient des éclairs de joie mêlés de folie aveugle. Evidemment, ça crée une gêne, surtout devant moi. Car si les Chiliens sont encore divisés au sujet du général, ils savent très bien que de l’étranger, tout le monde ou presque condamne la dictature. Moi, ça m’a un peu noué l’estomac de voir ça. Même si je sais que Pinochet a fait de bonnes choses pour le pays et son économie, je ne peux pas excuser les 3.000 personnes tuées sous son régime, soi-disant pour le bien de la patrie.

IMG-3933.JPG
Alors j’écoute la dame, que l’on avait fait taire entretemps, qui s’offusque que personne n’aille dans son sens. Elle raconte que lorsque Allende est arrivé au pouvoir, il a pris des mesures pour que les sans-abri soient logés par les habitants possédant de grands terrains. C’est ainsi que du jour au lendemain ont débarqué dans son vaste jardin toute une famille de pauvres, qui ont campé sur place, et à qui il fallait donner de l’eau et des vivres. Elle raconte encore que la veille du coup d’Etat de Pinochet, il fallait faire la queue dans les magasins pour pouvoir acheter des quantité ridicules de nourriture, comme en URSS. Et que dès le lendemain du coup d’Etat, les rayons des supermarchés étaient de nouveau pleins. A l’entendre, la présidence d’Allende ressemblait à l’Occupation en France…

Evidemment elle n’est pas objective, elle a eu l’impression d’être envahie, utilisée comme une vache à lait par le gouvernement socialiste. Alors pour tous ces gens-là, il est logique que Pinochet soit toujours apparu comme le libérateur du danger communiste. Et autant je ne peux pas excuser les crimes de dictateur, autant je peux comprendre ceux qui, comme cette dame, l’ont soutenu.
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19 septembre 2007 3 19 /09 /septembre /2007 14:18
DANS LE MONDE DES CORRESPONDANTS DE PRESSE

J’ai travaillé cet été à Sud-Ouest, quotidien régional basé à Bordeaux, en tant que secrétaire de rédaction. Ma tâche, pour faire simple, consistait à relire les articles des autres, les corriger, les améliorer, les raccourcir au besoin, changer les titres, choisir les photos, et préparer la mise en page. C'est pas passionnant comme boulot, et surtout frustrant par rapport aux journalistes qui sont sur le terrain, font des reportages et écrivent. Heureusement, des fois, on trouve quelques perles dans les articles, surtout venant des correspondants de presse non professionnels. En voici quelques-unes que j'ai glanées cet été.


Il y a ceux qui s'emmêlent les pinceaux avec les dates et les heures: "De 14h30 à 17 heures aura lieu l'Université contre le racisme. La journée débutera à 10 heures." Ou bien: "La course de samedi aura lieu jeudi". J’en conclu que le gagnant est arrivé mercredi soir.

Il y a les redondants: "Il a pour mission d'offrir aux visiteurs la possibilité de se documenter en tenant à leur disposition un présentoir comportant toutes les informations nécessaires. Les touristes peuvent ainsi prendre les renseignements qu'ils recherchent pour animer leur séjour." Je crois qu'on a compris l'explication sans passer à côté de l'idée générale tout en entendant bien de quoi il s'agit sans perdre le fil directeur...

Pire, il y a les descendants cachés de M. de Lapalisse: "Il s'arrêtait pour faire une halte pour repartir ensuite." Ou encore : "Les habitués sont toujours fidèles." Heureusement, sinon on ne pourrait plus se fier à personne!

Il y a aussi ceux qui vous donnent vachement envie de lire l'article quand ils écrivent dans le sous-titre ("accroche", dans le jargon): "Rien de particulier n'est prévu". Ca accroche le lecteur, ça coco!

Et puis il y a les courriers de lecteurs parfois inénarrables. Par exemple, après un article sur un accident dans un parc aquatique, on a un email d’une lectrice disant à peu près: "il y a quelques années, mon fils s’est tapé la tête contre un pilier peint en bleu en nageant sous l’eau. Cordialement" et sa signature. On s’est demandé si elle voulait que l’on publie ce courrier sybillin, pour avoir sa minute de célébrité warholienne à l’échelle du journal… Aujourd’hui, on fait et raconte tellement n’importe quoi pour être (re)connu!
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18 septembre 2007 2 18 /09 /septembre /2007 13:34
Aujourd'hui 18 septembre c'est la fête nationale au Chili. Les drapeaux bleu-blanc-rouge fleurissent un peu partout sur les maisons et les voitures -un peu par patriotisme (quoique...), mais surtout parce que l'on risque une amende si l'on n'arbore pas la bannière tricolore dans son jardin ou sur le toit de sa maison. Le 18 septembre, il n'y a pas de feu d'artifice, mais le printemps arrive et c'est l'occasion de sortir les barbecues, ou plutôt de faire de véritables orgies de barbecue, pendant plusieurs jours. Les plus grands stades servent de gigantesque site de pique-nique, où l'on joue de la musique folklorique et où l'on danse la cueca.

La cueca, c'est la danse nationale chilienne. Symboliquement, elle est censée imiter un jeune coq faisant la cour à sa poulette favorite. Plutôt que de vous faire une longue explication, une fois n'est pas coutume, je vous mets une petite vidéo pour vous montrer à quoi ça ressemble:

http://www.youtube.com/watch?v=QJmr3GkX3Ow

Un Etats-Unien tombé amoureux du Chili, auteur du très amusant et instructif "Comment survivre dans la jungle chilienne en faisant du négoce", décrit bien la mentalité chilienne à travers cette danse:

"D'abord, le danseur amène sa partenaire sur la piste en la tenant par le bras. Se regardant dans les yeux en faisant tourner leur mouchoir au-dessus de la tête, les deux danseurs se tournent autour l'un de l'autre durant toute la danse. Après ce long flirt sans jamais se toucher, le couple termine la danse exactement comme elle avait commencé, et au même endroit. Et on peut toujours recommencer, on n'obtiendra rien de mieux que le contact moite d'un avant-bras qui transpire. Pour le business, c'est pareil. On fait de multiples réunions pour rapprocher les points de vue et signer des accords, mais à la fin de chaque réunion on n'est pas plus avancé qu'au départ".

Et oui, au Chili, il faut accepter d'être patient, et de se trouver face à des interlocuteurs incapables de prendre des décisions, et encore moins des risques. Mais pour en revenir à la cueca, autant dire que comme technique de séduction, ça reste limité. Après, il faut pas s'étonner que les jeunes préfèrent la sensuelle salsa ou l'émoustillante samba des pays voisins. Et moi aussi, d'ailleurs!
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