Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Suivez le guide

Visitez Valparaiso 1 

En perte de repères?

Vieux, Pas Périmé

Blogs à voir

Un prof à mourir de rire
 
Réseau de blogs latinos francophones

Histoires de coeur et de fesses de Nina et les vingtenaires

Dans les coulisses du journalisme

Un citoyen propose son programme politique

Ca fait penser à Sex & the City

Jean Véronis décrypte le langage des politiques

Drôle, féroce et un poil vulgaire

Un autre regard sur le Brésil

Les tribulations d'Eulalie et M. Muche

24 septembre 2007 1 24 /09 /septembre /2007 02:19
Suite de l'hommage que je rends à Pablo Neruda, disparu le 23 septembre 1973. Aujourd'hui, un extrait où il décrit les terribles séismes qui ont secoué Valparaiso.


"Valparaiso parfois se secoue comme une baleine blessée. Il titube en suspens, il agonise, il meurt et ressuscite.

Ici, chaque habitant porte en lui un souvenir de tremblement de terre. C'est un pétale d'effroi qui vit collé au coeur de la ville. Chacun ici est un héros avant de naître. Car dans la mémoire du port il y a ce désastre, ce frémissement de la terre dans un bruit rauque qui arrive de la profondeur, comme si une cité sous-marine et souterraine faisait sonner le glas à ses clochers enfouis pour dire à l'homme que c'est la fin du monde.

Parfois, alors que les murs et les toits ont déjà roulé dans la poussière et dans les flammes, parmi les cris et les silences, oui, alors que tout semblait définitivement tranquille dans la mort, on voit sortir, comme une dernière épouvante, la mer, la lame énorme, l'immense main verte qui, haute et menaçante, monte telle une tour de vengeance balayer la vie qui restait à sa portée.

Tout commence quelquefois par un vague mouvement et ceux qui dormaient se réveillent. L'âme, en son demi-sommeil, communique avec de lointaines racines, avec sa profondeur terrestre. Elle avait toujours voulu savoir et maintenant elle sait. Puis, dans le grand ébranlement, il n'y a plus rien à quoi se raccrocher car les dieux s'en sont allés et les églises vaniteuses se sont changées en mottes triturées.

La frayeur qui naît alors n'est pas celle que provoque le taureau furieux, ou le poignard qui menace ou l'eau qu'on avale. C'est une frayeur cosmique, une insécurité instantanée, l'univers qui s'effondre et se décompose. Et pendant ce temps la terre tonne sourdement, avec une voix que personne ne lui connaissait.

La poussière que les maisons avaient soulevée en s'écroulant se dissipe peu à peu. Et nous restons seuls avec nos morts et avec tous les morts, sans savoir pourquoi nous sommes vivants."


Je n'ai pas vécu, heureusement, de tremblement de terre de cette violence. Mais je sais que ça peut arriver. N'importe quand. Car un séisme est imprévisible. Et les mots de Neruda me font vibrer. C'est pourquoi je vous propose un nouvel extrait demain.
Partager cet article
Repost0

commentaires