Mais des fois, ça va trop loin. Exemple. Tous les soirs, l’un des cinq membres de mon service doit envoyer par email un tableau décrivant le travail fourni par chacun dans la journée. En gros, il y a une liste de 14 produits différents, et il faut remplir les cases avec les noms correspondants et le temps estimé pour chaque tâche. Ce tableau, c’est toujours un vrai bordel parce que rempli à la va-vite à la fin de la journée. Alors j’ai eu l’idée d’en créer un nouveau, avec la liste des 14 produits par ordre alphabétique, pour que ce soit plus facile de s’y retrouver. C’est tout bête, mais ça m’a valu les félicitations de Chef-qu’est-pas-chef, de son supérieur, et jusqu’au manager général! C’est trop, non?
Autre exemple. La semaine dernière, Chef-qu’est-pas-chef m’a emmené dans la salle de conférence pour me faire remarquer gentiment et en tournant précautionneusement autour du pot que je devrais faire attention à ne pas trop arriver en retard (j’ai la mauvais habitude d’avoir en moyenne un quart d’heure de retard, c’est vrai). Je lui ai dit d’accord, je vais faire attention, mais tu pouvais me le dire en deux phrases, je l’aurais pas mal pris. C’est sans doute parce que Chef-qu’est-pas-chef n’est pas encore officiellement chef, et qu’elle ne sait pas encore bien gérer les rapports de chef-qu’est-pas-chef à subordonné-qu’est-pas-officiellement-subordonné.
Mais tout cela confirme ma pensée: ici, on prend tellement soin de l’employé, on le valorise tellement, qu’il donne le meilleur de lui-même pour l’entreprise, sans rechigner. Et c’est souvent trop, par rapport à ce qu’on lui demande, et par rapport à ce qu’on le rémunère. Et c’est vrai avec le degré de compétences qu’il y a dans cette entreprise, beaucoup d’entre nous pourraient prétendre à plus de responsabilités, un meilleur salaire, etc. Comme dirait ma mère, ce sont des Rolls Royce payées au prix d’une 2CV. Après, faut pas s’étonner qu’on soit choyés!