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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 16:17
"L'art fait prévaloir le beau sur l'utile. L'industrie fait prévaloir l'utile sur le beau. L'artisanat, c'est l'équilibre entre les deux." J'ai lu cette maxime l'autre jour au marché artisanal de Los Dominicos, un très agréable endroit dans un ancien couvent de Santiago. Et comme je l'ai trouvée très juste, hop! je vous la ressers.

Los Dominicos, c'est sans doute l'endroit qui concentre la plus grande quantité d'artisans de qualité au Chili. Très touristique, certes, mais suffisamment excentré pour être ignoré par les tour-operators. Et c'est tant mieux!


(Je mets les photos en petit parce qu'elles ne sont pas de moi: mon appareil photo est malade)

Le pueblito (petit village) de Los Dominicos est situé à l'extrême est de Santiago, sur la riche commune de Las Condes, véritablement au pied des Andes. L'endroit est charmant, mais surtout, c'est un havre de paix par rapport à la bouillonnante capitale, son trafic saturé et son nuage de pollution. Aux Dominicos, on se croirait davantage dans un village de l'Altiplano que dans une métropole de 6 millions d'habitants.


Ici, on trouve de tout: en dehors des classiques bijoux en lapis-lazuli, ponchos et pulls en laine d'apalga et objets en bois, Los Dominicos hébergents des souffleurs de verre, des boutiques d'antiquité, un sculpteur d'alumettes, un harpiste, et même des fabricants de cages en bois pour oiseaux et rongeurs. Mais surtout, on va trouver ici des objets de meilleure qualité (et plus chers, aussi) que dans la plupart des marchés artisanaux du pays, notamment des bijoux plus originaux, ou encore des vêtement traditionnels mais avec une touche de créativité supplémentaire.

Enfin, pour ceux que le shopping ennuie autant que la retransmission d'une séance de l'Assemblée Nationale à la télé, sachez que Los Dominicos est un endroit agréable en soi, avec ses bicoques en bois et adobe recouvertes d'herbe séchées, ses espaces arborés et ses mini-cours d'eau aménagés. En réalité, pour éviter la notion de shopping, on peut considérer le site entier comme une sort de musée animé: le musée du beau et de l'utile mélangés.
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4 août 2008 1 04 /08 /août /2008 18:38
Saviez-vous que les Egyptiens n'ont pas invité les momies? C'est ce que j'ai appris récemment, lorsque j'ai visité le musée d'art précolombien de Santiago. Les inventeurs des momies sont les indiens Chinchirros, une humble communauté de pêcheurs vivant dans l'actuelle région de Tarapaca, près de la frontière péruvienne. La technique de conservation des corps était très avancée, et utilisait à la fois la décomposition chimique et la chirurgie. Pour faire simple, disons que les parties "molles" de l'organisme (muscles, graisses, organes) étaient peu à peu remplacés par une cire spéciale, afin que l'enveloppe corporelle conserve sa forme. C'était 5.000 ans environ avant Jean-Christophe, soit quelque 2.000 ans avant les Egyptiens.


A propos d'Egyptiens, il est intéressant de constater les similitudes entre les cultes des pharaons et ceux des indigènes d'Amérique: tous ou presque vénéraient le dieu soleil, et les rites mortuaires de certaines sociétés indiennes étaient
quasi-identiques à ceux des Egyptiens. J'ai également été frappé par l'omniprésence des figures humaines ou animales: presque tous les vases, verres, assiettes, amphores ont visage humain, ou forme d'animal; comme pour donner vie et âme aux objets. Certaines représentations d'animaux ressemblent d'ailleurs étrangements à celles qu'on peut voir sur les vases ou autres objets de la Chine antique. Et si le concept d'uniformisation des cultures n'était qu'un mythe?


Mais revenons à nos moutons, pardon, à nos momies.
7.000 après les Chinchirros, l'exposition Bodies fait la même chose. Avec des techniques de pointe, évidemment. Bodies, au cas où ça ne vous dirait rien, c'est une exposition itinérante mondiale, qui montre de véritables corps humains, entiers ou en morceaux. Ca ressemble fortement aux mannequins en plastique de la classe de biologie, sauf que là, tout est réel: les corps proviennent de la morgue, où ils n'ont été ni identifiés ni réclamés par personne.

Et pour conserver tous ces corps, comment on fait? On remplace les parties liquides par un produit spécial qui élimine le sang. Une sorte de cire, qui
permet de conserver intact jusqu'aux vaisseaux sanguins. Comme les momies chinchirros, mais en plus sophistiqué. L'effet est saisissant.


Personnellement je ne me suis pas senti très à l'aise face à tous ces corps décharnés, ces organes vivants conservés sous verre. J'avais un peu l'impression d'être devant un étal de boucherie humaine, une sorte de musée des horreurs, malgré les explications données aux visiteurs par de scientifiques. Et la sensation désagréable de regarder à l'intérieur de moi-même, aussi, comme
une sorte de zoo introspectif.

Bodies est à la fois éducatif (on ne compte pas le nombre de visiteurs qui jettent leur paquet de clopes après avoir vu un véritable poumon de fumeur, couleur anthracite) et malsain (c'est tout de même du voyeurisme morbide). C'est aussi du bon business, vu le succès mondial de l'exposition, mais c'est un autre débat. En tout cas, ça m'a confirmé une chose: je n'aurais jamais pu être médecin. Même du temps des Chinchorros.
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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 14:20
Ca fait longtemps déjà que je veux vous parler du petit village d’Horcon. C’est l’un de mes endroits favoris pour aller se relaxer au bord de la mer. Horcon, c’est une petite crique qui vit au rythme de la pêche artisanale, l’un des derniers recoins de la côte centrale du Chili qui reste préservé de l’urbanisation galopante et uniformisante.



Sur la petite plage de sable fin s’alignent les lanchas, les traditionnelles barques de pêche jaunes et bleues, à l’abri du gros temps. A Horcon, contrairement au reste de la côte centrale, l’eau est claire et calme: les vagues vont se briser ailleurs. Mouettes, cormorans et pélicans rôdent autour des embarcations, guettant le moindre reste de crabe ou de poisson délaissé par les pêcheurs. Il faut voir leur manège quand, en fin de matinée, les bateaux reviennent de la haute mer avec leur butin, et vident leur stock des coques de bois.



Il faut aller à Horcon pour le midi, quand les pêcheurs sont de retour et vendent le poisson à la criée, quand les chevaux de trait s’attellent aux bateaux pour les tirer jusqu’en haut de la plage, quand les oiseaux se querellent pour quelques bouts de poisson laissés à leur intention par les pêcheurs…



Sur l’îlot qui fait face à l’anse, Saint Pierre, patron des pêcheurs, mène sa barque entre les rochers peinturlurés de guano. A l’autre bout de la crique, une falaise percée à la mode d’Etretat ferme l’accès au village, et surtout interdit toute construction nouvelle. A seulement quelques centaines de mètres de là, les grands buildings façon La Grande-Motte sont légion.



De l’autre côté de la falaise, il y a la plage Cau-Cau, sans doute l'une des plus belles du Chili. L’une des plus inaccessibles, aussi. Encastrée entre deux falaises abruptes, la plage n’a qu’un seul chemin d’accès, une sorte d’escalier plus que délabré qui descend dans la forêt. La descente est fatigante et dangereuse (on enjambe les rondins plutôt qu’on ne descend les marches), mais la plage en vaut la peine.



Pendant deux étés, l’accès à Cau-Cau était carrément fermé. Le chemin passe en effet au milieu d’une propriété privée, et le propriétaire des lieux, qui en avait assez du passage à toute heure de la journée et de la nuit, a un jour érigé un mur à l’entrée du sentier. Du jour au lendemain, tous les estivants se sont retrouvé privés de plage. Finalement, le gouvernement provincial a trouvé un accord avec le propriétaire, qui laisse l’accès libre durant la journée, et ferme le sentier la nuit.




Son attitude n’est pas très démocratique, mais il faut comprendre la volonté des habitants de Horcon de protéger et jalouser leurs trésors. Le village, je le répète, a su garder un cachet unique. C’est sans doute pour cela qu’une petite colonie de hippies y a élu domicile. Au milieu des familles de pêcheurs, on croise parfois dans le village de vieux barbus à la Ravi Shankar, poitrail nu, peau basanée. Et la décoration fantaisiste zen de certaines bicoques atteste de leur présence.




Les maisons, tiens. J’allai les oublier. Horcon est un patchwork de cabanes de bois bigarrées, toutes plus pittoresques les unes que les autres, décorées souvent avec excentrisme, la plupart du temps avec goût. Et en parlant de goût, un dernier détail: on trouve à Horcon les meilleures empanadas de mariscos (sorte de beignets aux fruits de mer) de toute la côte. Je m’en pourlèche les babines rien que d’y songer!
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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 20:49
Le Chili a fêté la nouvelle année comme il se doit: par de gigantesques feux d'artifice tirés simultanément en sept points différents, sur toute la baie de Valparaiso (20 kilomètres au total entre les deux points de tir les plus éloignés), et par une éruption volcanique dans le sud. Le volcan Llaima, près d'Osorno, s'est réveillé pour montrer que lui aussi, il peut faire des feux d'artifices, et autrement plus puissants.

Et pendant ce temps, ce blog dort. Et pourtant, je n'ai rien fait de spécial ces derniers jours. Et pourtant, j'ai plein de choses à raconter. Mais je n'avais encore rien posté en 2008. C'est chose faite.
Je voulais vous montrer une vidéo de ces fameux feux d'artifice (9.000 fusées tirées, c'est énorme!), mais elle est de trop mauvaise qualité. Il faudra vous contenter de ces trois photos prises à Valparaiso pour le Nouvel an.

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Cette photo, ainsi que la suivante, a été prise depuis le cerro où nous étions installé pour voir les feux d'artifice. En attendant minuit et le coup d'envoi du spectacle, on sort les chaises et la table pliante, les petits en-cas préparés pour l'occasion, et le champagne. Et on réveillonne dehors, à la bonne franquette. C'est l'été, et la fête dans les rues.
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Après les feux d'artifice, auxquels assistent des centaines de milliers de personnes, ça bouchonne pendant plusieurs pour sortir de la ville, et c'est la cohue dans les rues. La fiesta esta en la calle! On redescend des cerros, et on va danser plaza Sotomayor, où des musiciens jouent toute la nuit sur un grand podium. Evidemment, la nuit de la Saint-Sylvestre est une grande beuverie, et les zombies envinés, enbièrés et enpiscotés errent dans la ville en titubant, se prennent pour des statues...
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Et le 1er janvier, quand Valparaiso se réveille avec la gueule de bois, les rues sont un désastre, un dépottoir géant. Mais la fête fut belle, et les agents municipaux ont tout nettoyé pour le 2 janvier.


Demain, promis, je reprends le rythme normal du blog! Et si vous avez envie de voir plus de photos, allez donc faire un tour sur mon album Region Valparaiso. J'y ai ajouté pas mal de nouveaux clichés depuis que je l'ai créé. Enjoy!
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26 décembre 2007 3 26 /12 /décembre /2007 14:18
Voici un petit cadeau de Noël avec un jour de retard: un carnet de voyage à Quintay, petit port de pêche à quelques encâblures de Valparaiso.


Le lieu est tellement escarpé qu'on pourrait penser à la côte des Maures ou de l'Estérel, mais en plus vert. Plus inaccessible aussi. Pendant longtemps, il n'y avait pas de route pour rejoindre Quintay. Ce petit village de pêcheurs était uniquement accessible par la mer, ou par les sentiers qui montent dans les collines vers la grand'route Santiago-Valparaiso, à 25 kilomètres de là. Quand on voit la côte, on comprend pourquoi:

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Aujourd'hui, la route sinueuse qui traverse la forêt sent encore le bitume frais. Elle n'est pas tout-à-fait terminée. Après de nombreux méandres entre les pins, soudain un à-pic apparaît: la route plonge vers l'océan, littéralement. De lacet en épingle à cheveu, on atteint souvent une pente à 20-25%, parfois plus. le Tourmalet, à côté, c'est du nanan, ça se monte les doigts dans le nez!

Et puis tout à coup on débouche sur le mignon et discret port de pêche de Quintay. Ca sent l'iode, les algues et la friture. En début d'après-midi, goélands et pélicans guettent les restes de poissons délaissés par les pêcheurs. Les petites barques multicolores s'alignent sur la minuscule plage, à l'abri des vents et des vagues.

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Pendant 25 ans, Quintay a été un port baleinier, les cétacés venant régulièrement dans la baie. La chasse à la baleine a fait vivre un millier de personnes jusqu'un 1967. Aujourd'hui, il ne reste plus que les installations en béton, délabrées et rouillées. Et il arrive encore, quelquefois, que des baleines s'attardent un moment au large du village.

Un peu plus loin, la grande plage est restée assez sauvage, même si les promoteurs immobiliers ont trouvé le moyen d'incruster des résidences et un petit parcours de golf dans l'encaissé vallon. Ici, plus de rochers pour se protéger. L'océan nous fait face, dans toute sa grandeur et toute sa force.

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Le souffle incessant du vent salé qui vous lèche les joues, le grondement des vagues impressionnantes de 2 à 3 mètres de haut, les plus grosses que j'aie jamais vu (bon, je ne suis pas allé à Hawaii, faut dire!), le ballet des oiseaux marins qui volent, plongent et trottinent sur le sable... si j'étais poète, j'aurais écrit une ode à l'océan derechef.

Mais si le Chili est une terre de poètes, je ne suis pas Neruda. Alors je me contenterai de laisser parler les images, et de vous dire que face au Pacifique, on se sent tout petit...


IMG-4253.JPG

Vous pouvez retrouver ces photos (et d'autres) dans l'album Region Valparaiso.
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6 décembre 2007 4 06 /12 /décembre /2007 15:14
insolite-1.jpg
Voici la réponse tant attendue à la devinette de jeudi: il s'agit d'une cuisinière solaire. Bravo donc à Anne-Laure qui a trouvé la première la bonne réponse (mais pour vous laisser jouer, je ne l'ai pas écrit dans les commentaires, héhéhé!) ainsi qu'à Nono. Les parois de la cocina solar sont en aluminium, ce qui capte la chaleur du soleil, puis la renvoie vers l'intérieur. La vitre centrale, elle, joue un effet loupe et permet d'augmenter encore la température.

Vous connaissez tous l'expérience du papier qui s'enflamme quand on place une loupe entre lui et les rayons du soleil. C'est un peu le même principe avec la cocina solar. On dépose à l'intérieur son poêlon ou sa nourriture emballée dans du papier alu (je ne crois pas qu'ils fassent cuire les aliments en les déposant directement au fond, à cause des UV), et il n'y a plus qu'à entendre que le soleil fasse cuire. La température atteint jusqu'à 150°C, suffisant pour faire cuire à peu près n'importe quoi. La preuve, on utilise un système voisin pour faire bouillir l'eau du thé.

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Ca prend un peu plus de tant, mais c'est nettement plus sain que le micro-ondes! Ce jour-là, nous avons mangé de la chèvre (plat typique de la vallée d'Elqui). Pas très savoureux d'ailleurs. Mais parfaitement cuit.
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29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 19:47
Ces cinq jours autour de La Serena auront aussi été l’occasion de voir des choses insolites. J’ai par exemple aperçu depuis le bus la tombe de Ben Laden. Peut-être une plaisanterie. Peut-être un homonyme, exilé à Coquimbo comme d’autres Palestiniens.

Une autre chose qui m’a surpris, c’est l’utilisation du cactus. Le cactus, cette plante d’apparence si austère, est pourtant un bienfait pour les Chiliens du nord. J’avais appris dans l’Atacama qu'il s'agit en fait d'un arbre. J'avais omis, à l'époque, d'expliquer que l'on se sert de son bois pour fabriquer portes, charpentes et toutes sortes d’objets.


Autour de La Serena, on utilise les cactus comme clôture naturelle pour délimiter les propriétés, en les alignant à la manière de nos haies de buissons. Il faut qu'ils sont extrêmement fréquents, et que c'est à peu près la seule végétation qu'on trouve dans la région (en dehors de la côte et des quelques vallées fertiles). Malheureusement, je n’ai pas pu prendre de photos de ces drôles de clôtures. Mais voici à quoi ressemble le paysage dans la région:

cactus-01.jpg

Et puis surtout, les pingouins des Islas Damas utilisent les cactus pour y faire le nid, se protégeant ainsi des prédateurs comme les lions de mer ou les vautours. Les pauvres oiseaux, courts sur pattes et maladroits, gravissent et dévalent les hautes falaises pour aller de la mer au nid. Et parfois, ils tombent et roulent en boule. Pas facile, la vie de pingouin!

Mais le plus étonnant, c’était ça:


insolite-4.jpg

Allez, une autre petite devinette. Si quelqu’un est capable de me dire de quoi il s’agit, il aura une petite récompense. Tout le monde peut jouer, à condition de ne pas être allé dans la vallée d’Elqui. Je donnerai la réponse la semaine prochaine. Ca vous laisse le temps de vous creuser le ciboulot et de jouer plusieurs fois!

Et pour finir, je vais vous faire rêver: au total, pour un voyage de deux fois 500 kilomètres, cinq jours et quatre nuits dans un B&B de qualité de La Serena, deux excursions avec guide d’une journée entière, un bon resto, une soirée à l’observatoire, plus les souvenirs et cadeaux, on en a eu pour moins de 150 euros chacun. Elle est pas belle la vie au Chili?

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28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 19:27
Après la chaude et aride vallée d’Elqui, changement d’atmosphère avec les Islas Damas, à 120 kilomètres au nord de La Serena. Quand nous arrivons en face des îles, le temps est assez nuageux, il fait assez froid. Mais au large, c’est carrément un bloc de brouillard opaque. On ne voit pas les îles, on distingue seulement une forme inquiétante, presque fantômatique, qui émerge de l’épais nuage.

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C’est sur ces austères îlots rocailleux que se trouve la Réserve nationale Pingüinos de Humboldt. Elle abrite quelque 4.000 pingouins, une importante colonies de lions de mers, des cormorans, des fous de bassan, des loutres de mer, des vautours… Des dauphins viennent pêcher à proximité, et l’on peut quelquefois y observer des baleines. Oui oui, vous avez bien lu, des pingouins et des baleines à quelques centaines de kilomètres des tropiques!


Comment est-ce possible? La région de La Serena a un climat très particulier. Alors que la ville se trouve à seulement 30 degrés au sud de l’Equateur (l’équivalent de Porto Alegre au Brésil, de Durban en Afrique du sud, ou encore de Sydney en Australie), il n’y fait jamais plus de 25°C, et c’est très nuageux. Toute la région est chaude et semi-désertique, mais la côte est refroidie par le courant marin de Humboldt, un courant froid venu de l’Antarctique qui atteint les 100 kilomètres de large en face de La Serena.

Or cette région est l’un des endroits où il y a le moins de distance entre la mer et la cordillère. Ce qui fait que l'air froid amené par le courant de Humboldt et l’air chaud et sec de l’intérieur des terres s'entrechoquent violemment. Entre les deux, une forte différente de pression atmosphérique, ce qui a pour effet de former, tous les matins, la camanchaca, une épaisse couche de nuages qui s’estompe en début d’après-midi.

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En gros, la région de La Serena, au pied des Andes, est chaude et semi-désertique, et presque toujours ensoleillée. Sauf le long de la côte, la plupart du temps couverte de nuages, et froide. Si bien qu’à certains endroits, il pleut presque autant qu’en Patagonie! Etrange paradoxe! Et si l’on redescend vers Valparaiso, 400 kilomètres plus éloigné des tropiques, on retrouve des températures un peu plus élevées, et un climat méditerranéen. Etonnant, non?

Bref, c’est donc grâce à ce courant froid qu’une importante faune marine peut être observée au large de La Serena.


Pour accéder aux îles, il faut monter dans des lanchas, des barques de pêche à fond plat, qui peuvent accueillir une petite vingtaine de personnes. Nous voilà bien équipés, dûment encapuchonnés, coupe-ventés et gilet-de-sauvetagisés. Parés à affronter le Pacifique pour 10 kilomètres de traversée. Sur une si petite embarcation, c’est impressionnant: entre le creux et le sommet des vagues, il y a plus de deux mètres, et notre barque est un peu ballottée par la houle. Et pourtant l’océan est calme. Et on n'est qu'à quelques encâblures de la côte, protégés par les îles…

en-route--4.jpg
Après ces quelques sensations fortes, la lancha s’approche au plus près de l’île, un grand roc de granite difforme posé là tel un iceberg. Soudain, une forte odeur, pas vraiment agréable. Un cri rauque: les lions de mer (ou loups de mer, c'est exactement la même chose). Pas très farouches, ils se prélassent tranquillement sur les rochers, avant d'aller chasser poissons et pingouins (ça arrive; c'est pour cela qu'ils ne vivent pas aux mêmes endroits de l'île).

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Suivront les cormorans, les fous de bassan, puis les pingouins de Humboldt, les plus petits de tous les manchots (40 centimètres environ), très courants au Chili… Ce sera ainsi pendant une heure trente, le temps de longer l’île en s’arrêtant tout près des animaux. Grandiose. Et pour finir, une petite promenade sur la seule plage de l'archipel.

Le Chili a plus de 5.000 kilomètres de côte. Une côte souvent inhospitalière, à pic, rèche, sauvage, mais belle dans son âpreté. Malgré le soleil qui harasse ou malgré la pluie qui glace, malgré le vent qui assèche la peau et ride les yeux. Et quand la roche ciselée au couteau du temps laisse place à quelque rare plage de sable, le vent et les fortes houles du froid Pacifique, dépourvus de clémence, interdisent bien souvent la douceur et la quiétude. Rares sont les anses protégées, rares sont les havres de paix. Cette plage en est une. Et c'est sur cette image que s'arrête ma chronique. A demain, de retour à La Serena.

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27 novembre 2007 2 27 /11 /novembre /2007 19:46
La vallée d’Elqui, qui se faufile au milieu des Andes depuis la frontière argentine jusqu’à La Serena, vaut le détour à plus d’un titre. D’abord pour le paysage. Encadrée de montagnes pelées de roches grises, où ne poussent que les cactus, la fertile vallée offre un contraste saisissant.

Valle-Elqui-08.jpg
Etroit écrin de verdure, la vallée est l’un des grands centres agricoles du pays, où l’on cultive notamment la papaye. C’est aussi le premier site de production du pisco, l’alcool national. C’est, enfin, l’un des endroits au monde où le ciel est le plus clair. C’est pour cette raison que plusieurs observatoires internationaux surplombent la vallée. Il est d’ailleurs question d’en construire un nouveau, avec un télescope géant de 12 mètres de diamètre, ce qui représente plusieurs milliards de dollars.

La ville de Vicuna, au cœur de la ville, a construit un petit observatoire spécialement pour les touristes, sur le cerro Mamalluca. Ils doivent se contenter de télescopes d’une trentaine de centimètres, mais c’est déjà pas mal pour observer la Lune et les planètes du système solaire.

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Pour éviter la pollution lumineuse, les villages de la vallée ont été équipés d’ampoules spéciales, de lumière jaune, moins gênantes pour l’observation. Et c’est tout bénéf, puisque la facture d’électricité de la ville de Vicuna a baissé de moitié! Et pour récompenser la municipalité de ces efforts, la Fondation états-unienne pour la science lui a offert un télescope, l’un de ceux qui sont utilisés aujourd’hui pour les touristes!

La nuit est certes magnifique au-dessus de la vallée d’Elqui, mais franchement, si vous allez au Chili et comptez regarder les étoiles, il est plus intéressant d’aller observer le ciel à San Pedro de Atacama. Il y a là un astronome français érudit et sympathique, qui invite à observer les étoiles depuis son jardin, en plein désert, autour d’un chocolat chaud, et parle notamment des différentes mythologies selon les civilisations. Passionnant.

La NASA est également venue jusqu’au fond de la vallée d’Elqui pour étudier le site de Cochiguaz. Ce village coincé entre les montagnes arides est le fief d’une communauté New Age, qui affirme que l’endroit concentre l’énergie cosmique. Que diable est venue y faire la NASA? Des études très sérieuses: ses chercheurs ont en effet mesuré que c’est l’un des sites sur Terre qui concentre le plus d’énergie électro-magnétique.

Mais revenons sur terre, sur la terre où l’on cultive le pisco (celui-ci est jeune, les plus anciens prennent une couleur ambrée).

PISCO.JPG
La boisson nationale chilienne (et péruvienne) tirerait en fait son nom d’un dialecte indien, et signifierait «petit oiseau». Il y a toujours un vif débat entre Chiliens et Péruviens, qui se disputent la paternité du produit. Il est vrai que la ville de Pisco est située au Pérou, mais ce seraient les descendants des conquistadores qui auraient élaboré le pisco, pas les Péruviens en particulier. Quant aux Chiliens, ils ont triché: il y a une soixantaine d’année, le village de La Union, dans la vallée d’Elqui, a été rebaptisé Pisco Elqui pour faire la promotion du produit.

Bref, laissons-les donc débattre entre eux, et parlons du pisco lui-même. La vallée d’Elqui, avec son climat aride, permet aux raisins (cépage moscatel, ce qui veut dire muscat si je ne m'abuse) de produire beaucoup de sucre grâce à l’ensoleillement très important. Ce qui permet d’obtenir, après fermentation du raisin en fût, un vin à forte teneur en alcool. Il est ensuite distillé en alambic. Il en sort un alcool de raisin à 70°, incolore, que l’on coupe avec de l’eau pour le faire descendre à 40° environ. La mixture est ensuite vieillie en barrique de chêne, entre quatre mois et deux ans.

chais-5.jpg
C’est en gros le même principe que pour faire le cognac, à deux-trois choses importantes près: l’eau-de-vie est distillée deux fois pour le cognac, ce qui permet d’éliminer un maximum de bactéries et d’impuretés, et de faire baisser le taux d’alcool sans couper le produit avec de l’eau. Et puis surtout, le plus basique des cognacs vieillit toujours plus de deux ans. Un cognac XO (haut-de-gamme) vieillit entre 15 et 20 ans, et certains passent plus d’une vie humaine en chai de vieillissement.

Le pisco constitue donc un alcool fort, plus proche au goût du rhum que du cognac. Mais la composition est pratiquement la même, ce qui en fait un alcool plus sain que la vodka ou le whisky. Au Chili, le cocktail typique est le pisco sour, un mélange de pisco, de sucre, de jus de citron et de blanc d’œuf. Les jeunes, eux, le mélange avec du caca-cola, ce qui donne le Piscola. Ca ressemble fortement au whisky-cola, mais ça fait un peu moins mal à la tête le lendemain.

Il y en a une qui n’en buvait pas, c’est Gabriela Mistral.

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Premier auteur sud-américain à obtenir le Nobel de littérature (précédent Pablo Neruda), cette modeste maîtresse d’école a vécu son enfance à Montegrande, un village reculé de la vallée d’Elqui. Malgré une carrière de diplomate qui l’a amenée à voyager de par le monde, malgré sa lutte pour le droit des femmes, malgré son talent reconnu, cette grande poètesse a toujours vécu humblement. Sa discrétion (et peut-être aussi le fait d’être une femme) lui vaut d’être nettement moins connue que Neruda en dehors des frontières chiliennes.

Gabriela Mistral, née et élevée dans un village perdu du Chili, partie de rien, a fait son petit bonhomme de chemin et a mené une vie exemplaire, sans jamais renier ses valeurs et ses racines. Et rien que pour cela, je lui tire mon chapeau et ma plume. Qui est d’ailleurs tarie pour aujourd’hui. Demain, on jette l’encre sur les îles Damas, à la découverte des pingouins, lions de mer et autres animaux marins.
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26 novembre 2007 1 26 /11 /novembre /2007 20:13
Je reviens d’un petit voyage de cinq jours à La Serena, à la limite entre le centre et le nord du Chili, à 500 kilomètres au nord de Santiago. J'en ai ramené pas mal de choses à raconter et beaucoup de photos. C'est parti pour quatre carnets de route, jusqu'à jeudi.


La Serena et sa voisine Coquimbo ressemblent un peu à Vina del Mar et Valparaiso. Dans les deux cas, ce sont deux grosses villes qui se touchent, mais sont très distinctes. Coquimbo, tout comme Valparaiso, est un port aux maisons bariolées qui s’entassent sur une colline surplombant la baie. La Serena, à l’instar de Vina, s’étale à l’embouchure d’une vallée et possède une longue plage rectiligne au bord de laquelle s’amoncellent les résidences estivales, restos et bars. Et le phare le plus célèbre du Chili, peinturluré à neuf.

phare-4.jpg

Par ailleurs, Vina del Mar est au nord-est de Valparaiso; La Serena est au nord-est de Coquimbo. Et dans les deux cas, il existe
une certaine rivalité entre la ville portuaire et la cité balnéaire.

La seule grande différence, selon moi, c’est l’histoire. Vina del Mar a été fondée plus de trois siècles après Valparaiso, et a d’emblée servi de lieu de villégiature. La Serena, au contraire, est riche d’histoire: c’est la
deuxième ville la plus ancienne du Chili, et elle possède, entre autres, une quantité importante de vieilles églises de style espagnol. Fait rare au Chili, elles sont en pierre. La plus intéressante est celle-ci, avec son étonnant clocher.

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Juste en contrebas, on trouve un
jardin japonais, le Kokoro No Niwa (Jardin du cœur), cadeau de Tokyo au titre de l’amitié nippo-chilienne. L’endroit est coquet, et selon la tradition japonaise, la plupart des différentes pièces visent à reproduire en miniature des sites naturels. Bon, pas la photo que j'ai choisi. Mais c'est parce que j'aime beaucoup la pagode.

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Mais malgré l’entrée payante, on y trouve comme sur tous les espaces verts chiliens des adolescents se faisant des papouilles dans l’herbe.
D’où le nom du jardin, peut-être… Il y a aussi des cygnes pas du tout farouche que l'on peut presque caresser. Mais moi je ne m'y risquerais pas. Ca peut mordre fort, un cygne!

Malgré tout ce que je viens de vous montrer de La Serena, la ville portuaire de Coquimbo, plus typique avec ses maison bigarrées et ses pêcheurs, reste sans doute plus intéressante et pittoresque. Notamment parce que c’est une ville cosmopolite, où l’on trouve une
importante diaspora palestinienne. Une mosquée a d’ailleurs été érigée sur l’une des collines.

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Evidemment, le minaret n'a pas le style des plus belles mosquées d'Istanbul, mais l'ensemble est joli, non?

En face d’elle, dominant la ville et la baie, l’imposante (et kitsch)
Croix du troisième millénaire, une tour de béton de 90 mètres construite pour l’an 2000 -dont La Serena est jalouse. Le site comprend une église, un musée, et un ascenseur pour le mirador situé en haut de la croix. Il semblerait qu’une synagogue soit aussi en projet, mais pas juste à côté. C’est quand même pas l’Esplanade des mosquées de Jerusalem!

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(Pardon pour la mauvaise qualité de la photo, je l'ai prise depuis le bus). Mais le plus intéressant dans cette région, ce ne sont pas ces deux villes rivales, mais la vallée de Elqui. Je vous raconte ça demain.
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