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27 novembre 2007 2 27 /11 /novembre /2007 19:46
La vallée d’Elqui, qui se faufile au milieu des Andes depuis la frontière argentine jusqu’à La Serena, vaut le détour à plus d’un titre. D’abord pour le paysage. Encadrée de montagnes pelées de roches grises, où ne poussent que les cactus, la fertile vallée offre un contraste saisissant.

Valle-Elqui-08.jpg
Etroit écrin de verdure, la vallée est l’un des grands centres agricoles du pays, où l’on cultive notamment la papaye. C’est aussi le premier site de production du pisco, l’alcool national. C’est, enfin, l’un des endroits au monde où le ciel est le plus clair. C’est pour cette raison que plusieurs observatoires internationaux surplombent la vallée. Il est d’ailleurs question d’en construire un nouveau, avec un télescope géant de 12 mètres de diamètre, ce qui représente plusieurs milliards de dollars.

La ville de Vicuna, au cœur de la ville, a construit un petit observatoire spécialement pour les touristes, sur le cerro Mamalluca. Ils doivent se contenter de télescopes d’une trentaine de centimètres, mais c’est déjà pas mal pour observer la Lune et les planètes du système solaire.

Lune-1.jpg
Pour éviter la pollution lumineuse, les villages de la vallée ont été équipés d’ampoules spéciales, de lumière jaune, moins gênantes pour l’observation. Et c’est tout bénéf, puisque la facture d’électricité de la ville de Vicuna a baissé de moitié! Et pour récompenser la municipalité de ces efforts, la Fondation états-unienne pour la science lui a offert un télescope, l’un de ceux qui sont utilisés aujourd’hui pour les touristes!

La nuit est certes magnifique au-dessus de la vallée d’Elqui, mais franchement, si vous allez au Chili et comptez regarder les étoiles, il est plus intéressant d’aller observer le ciel à San Pedro de Atacama. Il y a là un astronome français érudit et sympathique, qui invite à observer les étoiles depuis son jardin, en plein désert, autour d’un chocolat chaud, et parle notamment des différentes mythologies selon les civilisations. Passionnant.

La NASA est également venue jusqu’au fond de la vallée d’Elqui pour étudier le site de Cochiguaz. Ce village coincé entre les montagnes arides est le fief d’une communauté New Age, qui affirme que l’endroit concentre l’énergie cosmique. Que diable est venue y faire la NASA? Des études très sérieuses: ses chercheurs ont en effet mesuré que c’est l’un des sites sur Terre qui concentre le plus d’énergie électro-magnétique.

Mais revenons sur terre, sur la terre où l’on cultive le pisco (celui-ci est jeune, les plus anciens prennent une couleur ambrée).

PISCO.JPG
La boisson nationale chilienne (et péruvienne) tirerait en fait son nom d’un dialecte indien, et signifierait «petit oiseau». Il y a toujours un vif débat entre Chiliens et Péruviens, qui se disputent la paternité du produit. Il est vrai que la ville de Pisco est située au Pérou, mais ce seraient les descendants des conquistadores qui auraient élaboré le pisco, pas les Péruviens en particulier. Quant aux Chiliens, ils ont triché: il y a une soixantaine d’année, le village de La Union, dans la vallée d’Elqui, a été rebaptisé Pisco Elqui pour faire la promotion du produit.

Bref, laissons-les donc débattre entre eux, et parlons du pisco lui-même. La vallée d’Elqui, avec son climat aride, permet aux raisins (cépage moscatel, ce qui veut dire muscat si je ne m'abuse) de produire beaucoup de sucre grâce à l’ensoleillement très important. Ce qui permet d’obtenir, après fermentation du raisin en fût, un vin à forte teneur en alcool. Il est ensuite distillé en alambic. Il en sort un alcool de raisin à 70°, incolore, que l’on coupe avec de l’eau pour le faire descendre à 40° environ. La mixture est ensuite vieillie en barrique de chêne, entre quatre mois et deux ans.

chais-5.jpg
C’est en gros le même principe que pour faire le cognac, à deux-trois choses importantes près: l’eau-de-vie est distillée deux fois pour le cognac, ce qui permet d’éliminer un maximum de bactéries et d’impuretés, et de faire baisser le taux d’alcool sans couper le produit avec de l’eau. Et puis surtout, le plus basique des cognacs vieillit toujours plus de deux ans. Un cognac XO (haut-de-gamme) vieillit entre 15 et 20 ans, et certains passent plus d’une vie humaine en chai de vieillissement.

Le pisco constitue donc un alcool fort, plus proche au goût du rhum que du cognac. Mais la composition est pratiquement la même, ce qui en fait un alcool plus sain que la vodka ou le whisky. Au Chili, le cocktail typique est le pisco sour, un mélange de pisco, de sucre, de jus de citron et de blanc d’œuf. Les jeunes, eux, le mélange avec du caca-cola, ce qui donne le Piscola. Ca ressemble fortement au whisky-cola, mais ça fait un peu moins mal à la tête le lendemain.

Il y en a une qui n’en buvait pas, c’est Gabriela Mistral.

Gabriela-Mistral.jpg
Premier auteur sud-américain à obtenir le Nobel de littérature (précédent Pablo Neruda), cette modeste maîtresse d’école a vécu son enfance à Montegrande, un village reculé de la vallée d’Elqui. Malgré une carrière de diplomate qui l’a amenée à voyager de par le monde, malgré sa lutte pour le droit des femmes, malgré son talent reconnu, cette grande poètesse a toujours vécu humblement. Sa discrétion (et peut-être aussi le fait d’être une femme) lui vaut d’être nettement moins connue que Neruda en dehors des frontières chiliennes.

Gabriela Mistral, née et élevée dans un village perdu du Chili, partie de rien, a fait son petit bonhomme de chemin et a mené une vie exemplaire, sans jamais renier ses valeurs et ses racines. Et rien que pour cela, je lui tire mon chapeau et ma plume. Qui est d’ailleurs tarie pour aujourd’hui. Demain, on jette l’encre sur les îles Damas, à la découverte des pingouins, lions de mer et autres animaux marins.
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commentaires

N
Juste Merci! ; )
Répondre
@
De rien!
E
J'ai bu du Pisco chilien en Belgique. Il n'était pas mauvais, mais il ne valait pas le péruvien.
Répondre
@
Ah ben voilà! Il a fallu que tu ailles jusqu'en Belgique (ou devrais-je dire en Wallonie?) pour boire du pisco chilien! ;)