Le lieu est tellement escarpé qu'on pourrait penser à la côte des Maures ou de l'Estérel, mais en plus vert. Plus inaccessible aussi. Pendant longtemps, il n'y avait pas de route pour rejoindre Quintay. Ce petit village de pêcheurs était uniquement accessible par la mer, ou par les sentiers qui montent dans les collines vers la grand'route Santiago-Valparaiso, à 25 kilomètres de là. Quand on voit la côte, on comprend pourquoi:
Aujourd'hui, la route sinueuse qui traverse la forêt sent encore le bitume frais. Elle n'est pas tout-à-fait terminée. Après de nombreux méandres entre les pins, soudain un à-pic apparaît: la route plonge vers l'océan, littéralement. De lacet en épingle à cheveu, on atteint souvent une pente à 20-25%, parfois plus. le Tourmalet, à côté, c'est du nanan, ça se monte les doigts dans le nez!
Et puis tout à coup on débouche sur le mignon et discret port de pêche de Quintay. Ca sent l'iode, les algues et la friture. En début d'après-midi, goélands et pélicans guettent les restes de poissons délaissés par les pêcheurs. Les petites barques multicolores s'alignent sur la minuscule plage, à l'abri des vents et des vagues.
Pendant 25 ans, Quintay a été un port baleinier, les cétacés venant régulièrement dans la baie. La chasse à la baleine a fait vivre un millier de personnes jusqu'un 1967. Aujourd'hui, il ne reste plus que les installations en béton, délabrées et rouillées. Et il arrive encore, quelquefois, que des baleines s'attardent un moment au large du village.
Un peu plus loin, la grande plage est restée assez sauvage, même si les promoteurs immobiliers ont trouvé le moyen d'incruster des résidences et un petit parcours de golf dans l'encaissé vallon. Ici, plus de rochers pour se protéger. L'océan nous fait face, dans toute sa grandeur et toute sa force.
Le souffle incessant du vent salé qui vous lèche les joues, le grondement des vagues impressionnantes de 2 à 3 mètres de haut, les plus grosses que j'aie jamais vu (bon, je ne suis pas allé à Hawaii, faut dire!), le ballet des oiseaux marins qui volent, plongent et trottinent sur le sable... si j'étais poète, j'aurais écrit une ode à l'océan derechef.
Mais si le Chili est une terre de poètes, je ne suis pas Neruda. Alors je me contenterai de laisser parler les images, et de vous dire que face au Pacifique, on se sent tout petit...
Vous pouvez retrouver ces photos (et d'autres) dans l'album Region Valparaiso.