Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Suivez le guide

Visitez Valparaiso 1 

En perte de repères?

Vieux, Pas Périmé

Blogs à voir

Un prof à mourir de rire
 
Réseau de blogs latinos francophones

Histoires de coeur et de fesses de Nina et les vingtenaires

Dans les coulisses du journalisme

Un citoyen propose son programme politique

Ca fait penser à Sex & the City

Jean Véronis décrypte le langage des politiques

Drôle, féroce et un poil vulgaire

Un autre regard sur le Brésil

Les tribulations d'Eulalie et M. Muche

24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 14:54
Le Lago Chungara est un endroit qui se mérite. Perché à 4.500 mètres d'altitude, à deux pas de la frontière avec la Bolivie, c'est tout simplement le plus haut lac du monde (si l'on ne prend pas en compte quelques étangs et lagunes situés encore plus haut).

Alexis de Tocqueville, grand voyageur et chroniqueur, disait que le plus important dans un voyage n'est pas la destination, mais le périple pour y arriver. J'adhère totalement. Aller d'un point à un autre en avion n'a pas de charme. C'est en prenant son temps, en faisant des efforts pour atteindre le but, qu'un voyageur donne sens, de la saveur à son parcours. Monter au lago Chungara, c'est faire fi du mal d'altitude, supporter les nuits glaciales à 3.500 mètres d'altitude, accepter la solitude du lieu. Cela signifie aussi faire des pauses, prendre le temps de s'acclimater. Car passer directement du niveau de la mer à l'altitude du Mont Blanc (ou presque), c'est pas bon pour l'organisme!

Notre parcours commence donc à Arica. Après avoir traversé la fertile vallée d'Azapa, nous montons peu à peu dans les montagnes vierges de toute végétation. Le contraste est saisissant.


Les terres des collines aux alentours d'Arica sont réputées pour être extrêmement fertiles. Mais, ironie du sort, il n'y a pas d'eau pour les exploiter. La vie se retrouve donc cantonnée aux deux vallées de Lluta et Azapa, et au bord de mer. Pour la plupart des habitants d'Arica, le reste, le désert, ca n'existe pas. Ce n'est rien d'autre que le font d'écran immuable de leur panorama quotidien, une masse aride et inutile qu'ils ignorent. Et réciproquement. Le désert est fier et snobe ceux qui ne cherchent pas à le connaître, le pénétrer. Et même avec ceux-là, il ne fait pas prevue de clémence.

Du pied des premières collines jusqu'à 1.600 mètres d'altitude, rien ne vit. Pas même un cactus. L'absence même d'insectes surprend. C'est tout simple: à cette altitude, il ne pleut jamais. Ce n'est qu'au-dessus de 1.600 mètres qu'arrivent les premières gouttes. Tout juste assez pour permettre aux cactus candélabres de pousser, entre 2.000 et 2.800 mètres environ.



C'est au-dessus de 2.000 mètres que l'on trouve les premiers habitants visibles des montagnes: les guanacos. Parmi les quatre camélidés des Andes (lamas, alpagas, vigognes et guanacos, donc) ce sont les plus rustiques. Grands, sauvages et au poil épais, ils ne sont pas recherchés par l'homme mais sont monnaie courante dans ces contrées.


C'est aux alentours de 2.500 mètres d'altitude qu'apparaissent les premiers villages depuis Arica et la vallée de Lluta. Et quand je dis village, c'est un grand mot: des hameaux de quelques dizaines d'habitants, voire moins. Ici, on compte moins d'un habitant au kilomètre carré. C'est-à-dire que sur un territoire qui équivaut à la moitié de la Belgique vivent environ 4.000 personnes! Et pourtant, il y a le câble, Internet et... caca-cola, omniprésent.

Malgré cette très faible population, les habitants de ces quelques villages sentaient la nécessité de se protéger. D'où les pukaras, équivalents locaux des chateaux forts, construits à des points stratégiques. Le pukara de Copaquilla, placé sur un éperon rocheux, est un assemble de bas murets, formant de petites niches de pierre accrochées à la pente. Datant du XIIe siècle, l'ancien fort Inca est loin d'être une forteresse. Ce pukara est en fait un simple poste de surveillance pour protéger le village, coincé au fond du canyon.



Ces terres arides et inhospitalières sont habitées depuis des millénaires, comme on l'a vu dans l'article précédent avec les Chinchorros. J'ai toujours été fasciné par la persistance des Incas puis des Espagnols à aller dans les lieux si reculés, hostiles et peu accessibles. Et ce, à une époque (les XVe et XVIe siècles) où chevaux et boussole étaient les uniques moyens de transport et de repère.

Une fois sur place, il n'a pas dû être compliqué de soumettre des populations si peu nombreuses, ni de convertir au catholicisme des communautés tant isolées. Le pukara de Copaquilla, par exemple, a l'un des plus vastes points de vue de la région (à moins de monter au sommet des pics à 5.000-6.000 mètres), et tout ce que l'on voit, ce sont des montagnes, et des volcans, et des montagnes...



Les descendants des Indiens aymaras et incas sont toujours là, mais comme partout, les sirènes de la ville et ses miroirs aux alouettes attirent les gens des campagnes. Les petites cités de l'Altiplano se vident, les jeunes, peu tentés par une existence humble et rude, partent étudier ou tenter leur chance à Arica, et seuls les anciens restent. Il y a déjà des villages fantômes, et certains sont en passe de le devenir, comme Socorama.


Niché dans un vallon à 3.500 mètres d'altitude, le village prospérait grâce à ses cultures maraîchères. Mais aujourd´hui, les rues sont vides, et il ne reste plus aucun résident permanent.

A cette altitude, la tête commence à peser, la migraine s'annonce: il est temps de s'arrêter pour aujourd´hui. Tranquille bourgade au pied d'un volcan de plus de 5.000 mètres, Putre, unique commune et (de fait) capitale d'une province grande comme un département (1.000 habitants environ), nous attend. L'aspirine et le thé de coca pour vaincre le mal d'altitude, aussi. Le lac Chungara, ce sera pour demain.



A suivre...
Partager cet article
Repost0

commentaires

C
Que d'images magnifiques.. sérieux, avec tes qualités de photographes et tes commentaires toujours à la hauteur, tu devrais envisager la publication papier, non?
Répondre
@
<br /> merci! je sais pas, un jour peut-etre... mais je ne crois pas etre assez bon photographe<br /> <br /> <br />