Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Suivez le guide

Visitez Valparaiso 1 

En perte de repères?

Vieux, Pas Périmé

Blogs à voir

Un prof à mourir de rire
 
Réseau de blogs latinos francophones

Histoires de coeur et de fesses de Nina et les vingtenaires

Dans les coulisses du journalisme

Un citoyen propose son programme politique

Ca fait penser à Sex & the City

Jean Véronis décrypte le langage des politiques

Drôle, féroce et un poil vulgaire

Un autre regard sur le Brésil

Les tribulations d'Eulalie et M. Muche

19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 07:30
Les crises, les guerres, les catastrophes ont toujours fait le bonheur des opportunistes. Le tremblement de terre au Chili ne fait pas exception à la règle.

D'abord, il y a eu, tout de suite après le séisme, les larrons qui ont dévalisé les magasins. Ensuite, les commercants des zones isolées qui ont triplé le prix de leur marchandise. Au bout de quelques jours, les chaînes de grands magasins ont tour à tour lancé des campagnes publicitaires indiquant qu'une partie du montant de vos achats sera reversé aux régions dévastées. Les agents immobiliers, croulant sous la demande, peuvent aussi faire monter les prix sans états d'âme.

Mais il y a encore plus cynique. Certaines entreprises ont profité du séisme pour dégraisser leur masse salariale. Il existe au Chili une loi qui autorise les licenciements sans préavis ni compensation en cas de force majeure. Une loi qui s'applique, bien évidemment, à un tremblement de terre de cette magnitude. Durant les deux premières semaines de mars, plus de 6.000 licenciements pour cas de force majeure ont été déclarés. C'est 50 fois plus que la moyenne. Bien sûr, la plupart de ces licenciements sont justifiés, dans la mesure où certaines entreprises doivent tout simplement mettre la clé sous la porte, ou cesser leur activité pour une durée indéterminée. Mais les syndicats et le gouvernement dénoncent déjà des abus. "Cette mesure ne peut s'appliquer que lorsque l'entreprise est dans l'incapacité de fonctionner", appuie la secrétaire d'Etat à l'emploi.

Le gouvernement estime que cette situation exceptionnelle va se poursuivre pendant six mois et s'attend à des milliers de licenciements pour cas de force majeure. Dans l'intervalle, il tente d'aménager la loi en proposant un "permis de reconstruction" pour les entreprises touchées. Cela permettrait de réduire les emplois à des mi-temps provisoires, ou bien à mettre les travailleurs au chômage technique, plutôt que licencier. Le gouvernement se propose d'aider les entreprises à garder leurs employés en reversant la moitié du salaire minimum mensuel à chacun d'eux.

Comme on s'y entendait, le nouveau cabinet de droite est donc obligé de faire dans le social. Certes, il est question d'augmenter les impôts, de privatiser une partie de Codelco, le producteur de cuivre propriété de l'Etat. Certes, l'investissement massif dans les énergies renouvelables prévu pour les prochaines années est remis aux calendes chiliennes, l'argent étant réaffecté à la reconstruction du pays. Mais la première mesure adoptée par le gouvernement a été l'octroi du prime exceptionnelle pour les familles. Et, une fois n'est pas coutume, la droite a écouté une suggestion de l'opposition socialiste: augmenter les royalties sur le cuivre. Depuis 2005, l'Etat touche 5% sur les ventes de cuivre chilien réalisées par les entreprises privées. Sebastian Piñera s'est toujours opposé à une augmentation de cette taxe, et serait plutôt favorable à sa suppression. Mais dans le contexte actuel, tous les moyens sont bons pour financer la reconstruction du pays, et le nouveau président pourrait décider d'augmenter lesdites royalties.

Aucun danger pour l'industrie du cuivre: les cours on augmenté de 70% en cinq ans, et la demande est susceptible d'augmenter fortement ces prochaines années, ce qui aidera certainement l'économie chilienne à se relever. Dans le même ordre d'idée, l'un des bienfaits collatéraux du séisme est qu'il va obliger à reconstruire à de nombreuses infrastructures (hôpitaux, écoles, routes...) qui étaient en piteux état depuis des années, et attendaient désespérément une remise à neuf. Comme les guerres, comme les crises: le séisme a causé son lot de drames et de dommages. Maintenant, il y a moyen d'en tirer profit.
Partager cet article
Repost0

commentaires

C
<br /> Avez-vous lu "La stratégie du choc" de Naomi Klein : elle décrit tout à fait cela. Selon elle toute catastrophe qui frappe un pays est une aubaine pour les capitalistes qui peuvent profiter de<br /> l'abattement temporaire de la population pôur faire passer des réformes ou des actions très défavorables (sauf à leu portefeuille) sans craindre de rebellion et vaec bonne conscience (c'est pour<br /> leur bie, pour sauver le pays ..)<br /> Malheureusement cela se vérifie !!!<br /> <br /> <br />
Répondre
@
<br /> Je n'ai pas lu ce livre mais j'en ai beaucoup entendu parler. En ce qui concerne le Chili, on n'en est pas encore là. Il y a certes le couvre-feu dans deux régions, mais c'est une mesure<br /> temporaire. Quant au gouvernement, il reste modéré pour l'instant en ce qui concerne les réformes économiques. J'espère que ca va rester ainsi...<br /> <br /> <br />