J'ai, depuis longtemps, la fâcheuse tendance à me couper en quatre pour essayer de faire plaisir à tout le monde. C'est fatigant, souvent ingrat et quasi-impossible, mais j'essaie quand même. Et puis il y a quelques jours, j'ai décidé d'arrêter et de penser un peu plus à ma pomme. Je pensais que cela me serait difficile, étant d'un naturel arrangeant et flexible. Mais hier soir, j'ai craqué.
Hier soir, ma copine et moi étions invités à l'anniversaire d'une collègue, dans un bar. Bon, allons-y. Au bout de 30 secondes, j'ai su que ca n'allait pas me plaire: endroit bruyant et totalement impersonnel, musique médiocre, décor kitsch... Bon, essayons de passer outre, après tout, ce qui importe, c'est les gens. Oui, mais voilà: avec tous ces décibels autour, pas envie de m'égosiller, ni d'essayer de comprendre à demi-mot ce que disent mes voisins de table. Voisins qui, de plus, sont des collègues certes sympathiques, mais pas des amis proches.
Bref, au bout d'une heure, j'en avais assez d'essayer de suivre la conversation, qui ne m'intéressait pas plus que la dernière découverte sur les techniques d'accouplement des moucherons en plein vol. En plus de devoir supporter ce lieu qui n'était pas du tout ma tasse de thé, je voyais fondre sur moi le voile de l'ennui. En temps normal, j'aurais fait mime de m'intéresser, j'aurais continué à sourirer, j'aurais fait l'effort de tendre un peu plus l'oreille et de m'égosiller. Mais hier soir, j'ai craqué. J'ai soudain dit à ma copine: "Je crois que je vais rentrer." J'ai dit au revoir à ma collègue dont c'était l'anniversaire, ai prétexté un mal d'estomac, et je suis parti.
Evidemment, ma copine n'a pas apprécié, c'est faire preuve de mauvaise éducation, lui faire honte devant ses amies collègues, et caetera. Je vais sans doute avoir droit à une petite scène quand elle va rentrer. Mais au nom de quoi devrais-je rester assis stoïquement à attendre que ca se passe en supportant ce que crache la sono du bar? Mon départ ne crée aucun manque: au contraire, ca ôte à l'assemblée son quota d'ennui et de potentielle mauvaise humeur.
Au diable les conventions! Je m'ennuie, je m'en vais. Ca ne plait pas, tant pis. Pour moi, c'a été un acte libérateur. Sans doute maladroit et un peu pataud, mais ca fait du bien. C'est un début, et je vais essayer de continuer dans cette voie. Ca risque de secouer un peu, et il faudra trouver le juste milieu. Sinon, ca risque de surprendre. Un peu trop.