Ah? Je me rappelle très bien qu'à l'école de journalisme on nous a bien appris à toujours citer nos sources d'information, et d'utiliser les "selon untel" pour rapporter les affirmations de quelqu'un. Donc j'imagine que le journaliste du Monde est allé lui-même interviewer la bactérie en question, et ce qu'elle lui a déclaré était trop incertain à son goût pour qu'il puisse le reprendre à son compte. D'où le "selon la bactérie". Bien.
Ensuite, l'Homme est-il parti d'Afrique de l'Est? Ben non, la preuve c'est qu'il y en a toujours qui y habitent, et que selon nos informations (notez l'emploi du "selon", qui en l'occurrence ne rime à rien puisque je ne cite pas mes sources), selon nos informations donc, il y a toujours eu une présence humaine dans cette région. Donc l'Homme n'est pas parti, il a étendu son territoire. Il a colonisé depuis l'Afrique. Tiens, c'est bizarre, 57.500 ans après, l'Homme a fait l'inverse...
Je pourrais dire que ce que nous dit cette bactérie fait la nique aux racistes puisque cette bactérie nous dit clairement que l'Humanité entière vient d'Afrique. Mais "fait la nique aux racistes", personne ne l'a dit, donc je ne peux pas mettre de "selon machin" devant, et comme ce sont des propos qu'en tant que journaliste plein d'objectivité neutre je ne peux pas assumer, je ne dis donc rien.
Bref, vous aurez compris où je veux en venir, la liberté d'expression des journalistes est souvent bien limitée. La plupart du temps, il est condamné à mettre au conditionnel précédé de "selon..." et avec précaution toutes les idées intéressantes et un peu dérangeantes. Seules les bactéries peuvent dire ce qu'elles veulent.
Petit détail: cette fameuse bactérie qui parle répond au doux nom de "Helicobacter Pylori". Hélicoptère pilori: ça sonne un peu répressif comme nom? Enfin, selon moi...