En plus de satisfaire le gouvernement de La Paz, cela pourrait aussi calmer les ardeurs de celui de Lima: le Pérou, qui a déposé une plainte devant le tribunal pénal international de La Haye pour un désaccord sur la frontière maritime avec le Chili, y trouverait son compte en récupérant un bout de mer.
L'île artificielle, qui serait créée avec les remblais du tunnel, appartiendrait à la Bolivie et permettrait enfin au pays d'exporter et importer sans devoir payer des millions de dollars de taxes. La mer qui l'entoure serait baptisée "Mer de la Concorde" et administrée par les trois pays. En plus du trafic routier et ferroviaire, le tunnel permettrait de faire passer oléoduc et gazoduc sous la frontière.
Le projet est pharaonique, et même si l'idée est acceptée par les trois pays, la question du financement s'annonce épineuse. Mais la Bolivie a tout à y gagner, et même si elle devait assurer seule le financement, ce serait rentable à moyen terme: selon les économistes John Luke Gallup et Jeffrey Sachs, “un pays sans port perd chaque année entre 0,6 % et 1 % de son PIB”. C'est énorme. Mais la Bolivie, l'un des pays les plus pauvres du monde, aura-t-elle les moyens de mener à bien un tel projet? L'idée est à creuser...