Dernièrement, on nous a parlé en long et en large de Felipe Cruzat, un gamin à la bouille d'ange qui attendait désespérément qu'on lui transplante un nouveau coeur. L'ample couverture médiatique, axée sur la personnalité du garcon, la foi inébranlable de ses parents, les parents sans coeur d'un donneur potentiel qui ont refusé la transplantation, a ému profondément le peuple chilien. Suffisamment pour ébranler l'opinion publique, et par contrecoup, le gouvernement. J'ai la forte impression que les journalistes ne sont jamais allé fouiller profondément au coeur du problème pour expliquer le manque d’organes (manque de moyens et de campagne de communication, éducation religieuse, superstition...) et ont privilégié la mise en scène de cette tragédie familiale.
Au début, cette manière dégoulinante de dramatiser l'information, de faire sortir les larmes aux ménagères de plus et moins de 50 ans, ca me dérangeait. Mais avec le recul, je constate que les effets sont similaires: au final, l'opinion publique s'indigne, et les dirigeants réagissent. Alors si l’émotion, plus que l’analyse, permet de faire avancer les choses, c'est pas si mal. Dans le cas de Felipe Cruzat, j'ai la sensation que les médias ont saisi l'opportunité d'avoir un bon client (gueule d'ange, irréprochable) pour sensibiliser le pays au problème du don d'organes. C'est vrai que la sauce aurait moins pris si c'avait été un adulte, ou un fils d'une famille moins "immaculée".
Et le comble de l'histoire, c'est que Felipe étudiait au collège des Coeurs sacrés!