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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 06:30
Je ne sais pas si vous savez, mais le 26 juin, on célébrait les cents ans de la naissance de Salvador Allende. Je ne sais pas si on en a beaucoup parlé en France, mais ici, c'est plutôt passé inaperçu. Quelques commémorations et expositions par-ci par-là, mais rien d'officiel au niveau national. Etonnant, non? Il faut dire que la plupart des anciens partisans du régime socialiste sont exilés, et les associations sensés raviver la mémoire de l'ex-président sont en général tenues par de vieux barbus intellectuels, sortes de Gaston Bachelard version latino, peu enclins à verser dans la communication médiatique.


(Pour ceux qui suivent pas, c'est pas Allende sur la photo, c'est Bachelard!)

J'ai aussi cette sensation étrange: alors que les médias chiliens parlent de plus en plus librement de "la dictature" au lieu du "régime militaire" de Pinochet, il y a encore une certaine pudeur (ou serait-ce tabou?) à parler de la présidence d'Allende simplement comme d'un régime démocrate. On parle toujours d'un régime "de gauche" ou "socialiste", parfois même "communiste". Mais c'est très rare d'entendre simplement "sous la présidence d'Allende". Comme s'il était nécessaire de stigmatiser le fait qu'Allende était de gauche. Comme pour faire contrepoids et excuser un tantinet la droiture (dans tous les sens du terme) du régime qui a suivi.


Mais ce n'est qu'une impression, et je m'égare en considérations. Je voulais surtout vous parler du discours donné par Armando Uribe Echeverría, Président du Parti Socialiste du Chili en France, le 26 juin dernier. Vous allez voir, c'est pas inintéressant.


(Là c'est bien Allende, sur un mur de Valparaiso)

Comme le dit Uribe, il est intéressant de noter que dès 1944, Allende définit le but ultime du travail de la gauche comme "la conquête du bien-être et de la grandeur du Chili" par le peuple. Et notamment via la réforme agraire, qui selon Allende permettait de rendre le pays plus indépendant: "J’ai répété à satiété que nous dépensons des millions de dollars pour importer des aliments que nous pouvons produire, et j’ai proposé cette réforme parce que je connais, en tant que médecin, les déficits alimentaires dont souffre la population." Voilà qui n'était pas de nature à plaire aux Etats-Unis, grands exportateurs au Chili.

 
C'est ce que dit Uribe: "Lorsqu’en 1970 il accède à la présidence de la République, Allende subira brutalement, jusqu’au Coup d’État, dont ce fut la manifestation ultime, cette présence étrangère qui s’élevait contre l’intérêt général, contre l’intérêt national." Mais surtout, poursuit Uribe, Allende a conçu "cette révolutionnaire « voie chilienne vers le socialisme », ­ la voie étant simplement celle des urnes, qui a paru si dangereuse aux Américains dans le contexte de la Guerre froide mais qui a fini par s’imposer comme un fait normal en démocratie à partir des années 80 en Europe."

"Cela m’amène à dire un mot d’une idée qui est une évidence dans tout pays du premier monde, et qui paraît cependant si difficile à comprendre ou à mettre en place en Amérique Latine. A l’inverse de ce qu’on entend d’habitude, sous l’influence d’une propagande insistante et facile, l’accession au pouvoir de Salvador Allende en 1970 correspondait beaucoup moins à un rapprochement du Chili avec le bloc soviétique ­ (je vous rappelle en passant que l’Union Soviétique ne se porta pas du tout au secours du gouvernement d’Allende), qu'au rapprochement du Chili, institutionnellement parlant, avec les pays d’Europe occidentale."


Autrement dit, (et là c'est moi qui parle, plus Uribe), la démocratie populaire déplait aux Etats-Unis. Et c'est sans surprise qu'on apprendra plus tard qu'ils ont contribué à la réussite de Pinochet. Dans la logique de Washington, mieux vaut aider un dictateur qui par la suite sera reconnaissant et permettra de faire du business tranquille, plutôt qu'avoir affaire à une démocratie socialo-communiste aux idées politiquement dangereuses et contraignante pour les affaires.


(A suivre...)
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commentaires

T
Il y a encore des journalistes, français, qui parlent de choses dont on ne parle pas ?
Répondre
@
<br /> ben oui, mais pas dans les grands médias (ou très peu...)<br /> <br /> <br />