Je vais bien, oui, mais emporté dans le tourbillon du travail. Il me plaît ce travail, mais il me bouffe du temps et de l'énergie, sans doute plus que nécessaire, et m'empêche de regarder loin à l'horizon. Je comprends maintenant comment et pourquoi les gens tombent dans un train-train routinier. Quand tu pars de chez toi le matin à 7h30 et reviens le soir à 19h30, cinq jours par semaine, tu n'as pas forcément l'envie et l'énergie de t'évader, de réfléchir, de faire, tout simplement. J'ai la sensation un brin paranoïaque qu'il y a une volonté cachée des gens qui nous gouvernent de nous lessiver, essorer au travail pour faire de nous des êtres fatigués et, par conséquent, plus faciles à manier.
Donc voilà, si je ne prends pas le temps de prendre un peu de distance, alors oui, tout va très bien. Si je le prends, comme je le fais maintenant, et bien... j'ai des doutes. Et si je me projette dans le futur, je me dis que ce n'est pas ma vie. Que j'ai autre chose à faire ici-bas que jouer les employés modèle dans une compagnie qui fait du business dans le monde entier. J'ai de plus en plus le sentiment que nos sociétés occidentalisées se développent de plus en plus sur la vacuité et le futile, laissant de côté la sagesse, le temps de la réflexion, la profondeur en général. Et parfois je ne me sens pas à l'aise là-dedans.
Oui je vais bien, mais je suis sensible aux maladies du monde qui m'entoure. Et si je faisais le choix de les ignorer? Alors là j'irais parfaitement bien... sauf que je ne supporterais pas de me mettre égoïstement des oeillères. Il y a des jours comme ça où j'envie les simples d'esprit, qui ne se prennent pas la tête comme moi. Ou les fous. Ou les animaux.
Pardon si tout cela semble un peu fouillis et sent la philo de comptoir, mais au moment où j'écris, il est 3 heures du matin, et la moitié des neurones ont déjà fait leurs valises pour le pays de Morphée. Et je ferais mieux de m'arrêter là (je pourrais continuer longtemps comme ça) et je ferais mieux d'envoyer l'autre moitié au même endroit.
Je vais bien, bonne nuit.