Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire hélas! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage!
Votre Guy qui vous aime.
Guy
Dernières pensées: vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir!
Cette lettre est celle de Guy Môquet, jeune résistant français fusillé par les Nazis en 1941. Pourquoi publie-je ici ce texte? Pour cela: "Ma première décision, en tant que président de la République, sera de demander au futur ministre de l'éducation nationale que cette lettre soit lue en début d'année à tous les lycéens de France. Il est essentiel d'expliquer à nos enfants ce qu'est un jeune Français, à travers le sacrifice de quelques-uns, l'anonyme grandeur d'un homme qui se donne à cause plus grande que lui". Le ton est donné: la France de Sarkozy sera celle du pensionnat de Chavagnes, le retour aux valeurs de la IVe République (on comprend qu'il ne veuille pas en créer une sixième!)
Au-delà de cela, il est intéressant de remarquer que Môquet était communiste. Tiens donc. Sarkozy chercherait-il à s'attirer de nouvelles sympathies?
De nouvelles sympathies, il en a déjà trouvé, puisque Bernard Kouchner, un homme qui s'est prononcé pour la dépénalisation du cannabis, un homme qui fut ministre de Mitterrand et de Jospin, aurait accepté d'être le ministre des Affaires étrangères. Selon l'entourage de Kouchner, il aurait accepté par qu'il "estime pouvoir agir", donc en gardant une certaine marge de manoeuvre et son franc-parler habituel. Or on sait bien qu'en France, le président décide et les ministres exécutent. Point. Et avec la personnalité de Sarkozy, ça ne risque pas de changer.
On peut trouver ça écoeurant et penser que Kouchner retourne sa veste à cause de son ambition personnelle. On pourrait penser qu'au contraire c'est un bien, qu'il jouera le rôle de poil-à-gratter au sein du gouvernement. Personnellement, je pense qu'il n'est qu'un pion dans la stratégie de Sarkozy de désosser le Parti socialiste. Et c'est bien dommage.
Mais baste des spéculations, on verra bien le moment venu qui hérite de quel ministère. En attendant, je crois que le fait que Sarkozy aille en Allemagne le jour même de sa prise de fonction, c'est un signe fort, qui prouve qu'il veut relancer la construction européenne, et privilégie l'Europe à ses amitiés avec les Etats-Unis. En revanche, quand je lis sur lemonde.fr qu'au niveau de la politique internationale, les priorités de Sarkozy sont la défense des droits de l'Homme et la lutte contre le réchauffement climatique, je dis qu'il a tout faux.
Tout faux, parce qu'il soutient les Jeux Olympiques en Chine, pays bien connu pour respecter les droits de l'Homme. Parce qu'en tant que ministre de l'Intérieur il a parfois mis à mal les droits de certains citoyens, et qu'il ferait mieux de faire respecter ces droits à l'intérieur de nos frontières, avant de se mêler de ce qui se passe ailleurs. Même chose pour le réchauffement climatique: c'est bien d'aller prêcher la bonne parole aux autres, mais avant il vaut mieux avoir appliqué cette bonne parole chez soi. Pour lutter contre le réchauffement climatique, la priorité, c'est d'abord d'agir sur le territoire français, et quand il aura obtenu des résultats probants, il aura plus de crédibilité à l'international.
