C'est une bande de jeunes types humbles et solidaires, avec du coeur et des tripes. Une bande de jeunes qui, avec l'aide d'un sorcier-gourou, contribue à panser les plaies d'une terre meurtrie par le séisme du 27 février. L'équipe de football du Chili fait le bonheur et la fierté de son pays, et ce n'est pas une surprise. La Roja avait fini deuxième de son groupe de qualifications, devant l'Argentine, avec un jeu séduisant et offensif. Aujourd'hui, le reste du monde la découvre. Mais en Amérique du Sud, on sait depuis longtemps que le Chili a un gros potentiel. Bref, la Roja mérite pleinement sa qualification au deuxième tour de la Coupe du monde.
Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas très amateur du ballon rond. Mais ici, depuis dix jours, c'est de la folie. Et c'est contagieux. Durant chaque matche, le pays s'arrête pendant deux heures. Les écoles, les entreprises, les transports publics, la police, les délinquants... tous se détournent de leur occupation habituelle. Et les pompiers et hôpitaux prient pour qu'aucune intervention urgente ne soit nécessaire.
Assister à un match de football en Amérique Latine, c'est savoir ce que vibrer veut vraiment dire. Les latinos ont le foot dans le sang. Chaque victoire est comme une transfusion qui monte au coeur et au cerveau. Durant 90 minutes, la pression artérielle monte, la tension est telle que beaucoup sont obligés de faire des étirements devant leur télé. Une défaite est vécue comme un drame national. Depuis le début du mondial, après chaque rencontre, les principales places publiques du pays sont envahies par des milliers de fans pour de longues célébrations. La coupe du monde de foot, c'est l'événement majeur de ces dernières années, au-dessus des élections présidentielles, au-delà des Jeux Olympiques, seulement surpassée par ce fichu séisme.
Je ne suis pas fan de foot, mais j'ai un faible pour cette équipe du Chili. A la différence des Francais gâtés et capricieux, les joueurs chiliens font preuve d'envie et d'esprit de groupe. Ils savent qu'ils ont un pays entier derrière eux, tandis que l'équipe de France a essuyé une pluie de critiques depuis de très longs mois. C'est pour cela que les Chiliens y mettent leur coeur et leurs tripes. Pour rendre la pareille à tout un pays. Pour rendre le sourire aux centaines de milliers de compatriotes qui ont vécu des moments difficiles depuis le 27 février. Et si la Roja l'emporte face au Brésil lundi, ce sera un autre tremblement de terre. Affaire à suivre...