Or en France, il en va tout autrement, puisque le pouvoir exécutif a deux chefs: le président et le Premier ministre. "Dans les phases de cohabitation, le Premier ministre a la légitimité la plus forte et gouverne, mais le président conserve son pouvoir de nuisance, créant une tension permanente au sommet de l’Etat, propice pour chaque tête de l’exécutif à se défausser sur l’autre dans l’échec ou à revendiquer l’exclusivité d’un succès. Quand majorité parlementaire et présidentielle concordent, le Premier ministre est au mieux un aide de camp malléable et, au pire, et bien souvent, un dauphin dangereux." L’aide de camp malléable-type, c’est Fillon pour Sarkozy, le dauphin dangereux, ç’aurait pu être Rocard pour Mitterrand, à une autre époque.
"Il y a donc bien concurrence, et non pas équilibre des pouvoirs au sommet de l’Etat. La confusion règne et se diffuse, ébranlant toujours plus les électeurs dans leur confiance accordée à leurs dirigeants. La simplicité et l’efficacité plaident en faveur d’un seul chef de l’exécutif. Parce qu’il dirige le gouvernement au quotidien, parce qu’il doit rendre compte de sa politique devant le Parlement, ce chef doit être le Premier ministre." On ne ferait que copier ce qui existe en Grande-Bretagne, en Espagne, en Italie, en Allemagne… et fonctionne plutôt bien! J’ai toujours trouvé ça gênant que, dans les réunions intergouvernementales, la France soit souvent le seul pays à être représenté par deux personnes, et non par le seul Premier ministre. Surtout quand Premier ministre et président ne sont pas du même bord.
L’auteur termine en démontrant que ce changement constitutionnel est tout-à-fait possible progressivement. Or avec notre nouveau président, qui semble déléguer encore moins les pouvoirs qu’un De Gaulle, on prend plutôt le chemin inverse. J’ai l’impression qu’il est comme un enfant qui, alors qu’il a enfin obtenu ce dont il a toujours rêvait, en veut toujours plus. Et que maintenant qu’il a enfin ces pouvoirs de président, il veut en grapiller toujours plus, de pouvoirs, à ne plus savoir qu’en faire. Ce qui pourrait le conduire à les gaspiller, ou les utiliser mal. En plus d’être irresponsable de la part du président (de toutes façons, constitutionnellement, il l’est déjà), ce serait dangereux, non?